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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/617

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ROLLIN ET LE TRAITÉ DES ÉTUDES

table préjudice. » (Disc. préliminaire). Évidemment l’importance capitale de l’éducation de la masse de la nation n’avait pas encore frappé l’esprit des penseurs. En 1762, Lachalotais et Rousseau le disent sans détour : « Le bien de la société demande que les connaissances du peuple ne s’étendent pas plus loin que ses occupations. Tout homme qui voit au delà de son triste métier, ne s’en acquittera jamais avec courage et patience. » (Essai d’éducation nationale.) — « Le pauvre n’a pas besoin d’éducation ; celle de son état est forcée ; il n’en saurait avoir d’autre. » (Émile, liv. I.)

Ce n’est donc qu’indirectement que nos instituteurs et nos élèves peuvent profiter des conseils expérimentés et du zèle ardent de Rollin. Il n’a certainement écrit ni pour les uns ni pour les autres. Une note de Rollin nous avertit qu’il avait d’abord intitulé son ouvrage Traité des Études classiques, parce que ce titre convenait mieux à son dessein, mais qu’il a cédé au conseil de ses amis et retranché le mot classiques.

D’un autre côté, le principe de la liberté de conscience, définitivement entré dans les mœurs et dans les lois, la ferme volonté de la société civile de détruire jusqu’au dernier vestige la domination théocratique du moyen âge, ont profondément modifié l’esprit de nos écoles publiques. La loi sur l’obligation et sur la laïcité de l’enseignement primaire, votée par la Chambre des députés et par le Sénat, et promulguée le 28 mars dernier, leur enlève tout caractère confessionnel. L’instituteur n’est plus chargé que de donner, avec l’instruction élémentaire, cette éducation morale et civique qui est une dette de la société à chaque citoyen, L’école pu-