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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/618

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blique ne doit pas connaître, plus que l’État, toutes ces distinctions de sectes religieuses qui nous séparent. « C’est une chose fâcheuse, disait M. Paul Bert à la Chambre, que de diviser les enfants dès leur plus bas âge, sur les bancs mêmes de l’école, et de leur apprendre d’abord, non pas qu’ils sont Français, mais catholiques, protestants ou juifs… Cette séparation des enfants est une mauvaise préparation à l’union, à la concorde et à la fraternité qui doivent exister entre les enfants de la mère patrie. » (4 déc. 1880.) L’antique conception de l’école comme servante de l’Église n’est plus acceptée par les pouvoirs publics. C’est aux parents, qui en ont la responsabilité naturelle, à décider s’ils enverront leurs enfants à l’église, au prêche, à la synagogue, à la mosquée, etc. Quant à l’instituteur, il n’a plus à enseigner l’histoire sainte, il n’est plus même chargé de la récitation littérale du catéchisme. Ce n’est pas l’école sans Dieu, comme s’écrient avec indignation les défenseurs du passé ; non, c’est simplement, et la différence est notable, l’école sans prêtre.

Or, ces idées toutes contemporaines sont absolument étrangères à Rollin, qu’elles auraient, je crois, singulièrement troublé. Catholique sincère, soumis d’esprit et de cœur à l’autorité de l’Église, bien qu’un peu suspect de jansénisme, Rollin était à moitié ecclésiastique. À la fin de son cours d’humanités et de philosophie, il consacra trois années à l’étude de la théologie. Simple clerc tonsuré, il portait cependant la soutane du prêtre et récitait son bréviaire. Une relation de 1695 nous le montre acolyte à la messe et à la procession du Saint-Sacrement à Port-Royal des Champs. Vers la fin de Sa vie, il obtint d’assister aux offices en surplis dans