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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/623

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ROLLIN ET LE TRAITÉ DES ÉTUDES

faire l’application aux devoirs dans la famille, et un passage remarquable sur l’obligation de ne pas sacrifier la classe aux élèves les plus avancés. Un bon chapitre sur la nécessité et la manière de cultiver la mémoire termine cette partie de l’ouvrage.

Le livre III, De la poésie, consacré presque tout entier à l’analyse très détaillée de Virgile et d’Homère, ne nous permet en quelque sorte de rien citer. Dominé par ses scrupules de chrétien, Rollin aborde ce sujet avec des vues étroites : pour lui « le véritable usage de la poésie appartient à la religion ». La riante mythologie de l’antiquité : Neptune, Éole, Apollon, les Muses, Cérès, Pomone, ne trouve pas grâce devant lui ; car ces divinités ne sont que néant, ou des démons, selon saint Paul, à moins qu’on ne les présente, comme les différents attributs du Dieu véritable, et il se repent bien maintenant d’avoir employé dans des vers le nom des divinités profanes ! Rollin a d’ailleurs eu le soin d’omettre les règles de la poésie française : « les différents exercices des classes ne laissent pas de temps pour en instruire les jeunes gens, et, de plus, la lecture de nos poètes pourrait leur être dangereuse ; mais surtout comme elle ne demande aucun travail de leur part, et ne présente que des roses sans épines, 1l serait à craindre qu’elle ne les dégoûtât d’autres études plus difficiles et moins agréables, mais infiniment plus utiles et plus profitables ». Tout cela manque bien d’élévation et de saine critique. Mais n’en faisons pas trop sévèrement un crime au bon Rollin, quand nous entendons Bossuet, Bossuet lui-même, condamner le Cid comme une œuvre malsaine qui excite les passions ! « Dites-moi, que veut un Corneille dans son Cid, sinon qu’on aime Chimène,