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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/624

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REVUE PÉDAGOGIQUE

qu’on l’adore avec Rodrigue, qu’on tremble avec lui, lorsqu’il est dans la crainte de la perdre, et qu’avec lui on s’estime heureux lorsqu’il espère de la posséder ? » Quel parti pris ne faut-il pas pour ne pas sentir tout ce qu’il y a d’influence bienfaisante dans la peinture de ces sentiments élevés, de cet amour chaste, de ce sacrifice de la passion au devoir et à l’honneur ? Comme Montesquieu était bien plus dans le vrai, lorsqu’il déclarait se sentir meilleur après une représentation des chefs-d’œuvre de Corneille !

Le livre IV, De la rhétorique, contient plusieurs pages très judicieuses sur la composition, sur la manière d’y préparer les élèves, soit de vive voix, soit par écrit, sur le tact que le maître doit apporter dans la correction des devoirs, suivant l’âge et la capacité des enfants, sur la lecture et l’explication des bons auteurs.

Le livre V, Des trois genres d’éloquence, plein d’intérêt pour des élèves de rhétorique qui se destineraient au barreau ou à la chaire, qui étudient Cicéron, Démosthène ou l’Écriture sainte, n’est susceptible d’aucune application, même éloignée, aux études primaires. Nous n’en gardons qu’un passage à l’adresse des catéchistes, que nos maîtres pourront lire avec fruit pour se bien rendre compte de la difficulté de parler clairement aux enfants. Il est curieux d’y trouver en germe l’idée mère de notre organisation pédagogique en trois Cours.

Le livre VI, De l’histoire, est malheureusement restreint à l’histoire sainte et à celle des Grecs et des Romains. Le moyen âge et les temps modernes ne semblent pas exister pour Rollin. Quant à notre pays : j’ai déjà remarqué qu’il ne croit pas pouvoir lui ména-