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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1882.djvu/630

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REVUE PÉDAGOGIQUE

clame les droits de la langue maternelle, recommande l’explication des auteurs, la traduction de préférence aux thèmes, l’insistance sur les premiers principes, l’appel à la réflexion plus qu’à la mémoire, la prédominance de la pratique sur la théorie, « peu de préceptes, beaucoup d’usage ». C’est par ses leçons, par sa direction et par son Traité des Études que s’est introduit dans l’Université de Paris cet esprit nouveau, dont notre éminent ministre de l’instruction publique vient d’assurer le triomphe par une réorganisation générale de l’enseignement qui fera époque dans notre histoire intellectuelle, parce qu’elle sauvera les études classiques de la ruine complète dont les menaçait la routine jésuitique.

Rollin mérite donc une place d’honneur dans l’histoire de la pédagogie française : il a rendu les plus précieux services, et notre travail est la preuve de notre conviction qu’il peut encore très utilement aider aux progrès et à la bonne direction des écoles primaires, auxquelles il ne songeait pas. Nous regrettions avec M. Villemain que son ouvrage fût un peu négligé en France, mais en nous gardant bien d’ajouter avec l’illustre critique : « comme si l’on avait, depuis Rollin, découvert des méthodes nouvelles pour former l’intelligence et le cœur. Hélas ! il n’en est rien : on n’a pas fait un pas ; on ne fera pas un meilleur Traité des Études. » C’est d’un coup de plume bien légèrement biffer tous les noms des pédagogues modernes. Le jugement de M. Nisard, moins pessimiste à notre égard, est identique au fond : « Dans les choses de l’éducation, le Traité des Études est le livre unique : c’est le livre ! » Voltaire, moins exclusif, se bornait à dire : « livre à jamais utile. »

Nous hasarderons, avec M. Compayré, cette appré-