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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/348

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REVUE PÉDAGOGIQUE

et il est évident par soi-même que Ces deux éléments réunis ont plus d’importance que l’un des deux tout seul ;

2° Il est nécessaire d’ajouter la permanence de l’emploi au salaire pour faire de l’enseignement une carrière à laquelle on voue sa vis toute entière, ayant un attrait suffisant pour les personnes capables et instruites, et c’est des personnes qui se dévouent à l’enseignement pour leur vie entière que viendra le meilleur enseignement.

M. Philbrick passe ensuite en revue la situation des maîtres dans les diverses nations étrangères. Presque partout le maître n’a aucune inquiétude sur la durée de ses fonctions. En France la sécurité de l’instituteur est absolue, tant qu’il remplit consciencieusement ses devoirs, et, pour montrer combien cette idée c’est ancrée et enracinée chez nous, M. Philbrick cite un fait qui a été consigné dans un rapport par des commissaires français envoyés en Angleterre et qui fut considéré par eux comme une « curieuse absurdité ».

Dans une école anglaise, fondée par des générosités particulières, le Conseil d’administration se réunit chaque année, fait comparaître devant lui le directeur et lui rappelle que l’année pour laquelle il a été nommé c’est écoulée et que la direction est vacante. On lui demande s’il pose sa candidature pour l’année suivante. Il se retire après avoir répondu, et le Conseil procède à un vote pendant lequel le malheureux directeur se demande avec angoisse s’il va être réélu ou s’il ne devra pas céder la place à quelque candidat inconnu.

Voilà, ajoute M. Philbrick, le type de la situation qui est faite à presque tous les maîtres des écoles américaines publiques. Leur position n’est pas assurée pour plus d’un an. Et ce n’est pas tout, il y a pis encore. En général, et d’après la législation de presque tous les États, tout maître peut être renvoyé dans le courant de l’année pour laquelle il a été nommé, s’il en est décidé ainsi par la majorité du conseil de l’école. Et il n’a aucun droit légal à être averti à l’avance, à être entendu, à en appeler à une autorité supérieure !

L’expérience n’est-elle pas faite, se demande M. Philbrick, et n’est-il pas temps d’en finir avec ce système ? En réponse à cette question, on peut dire, sans crainte d’être contredit, que la manière américaine d’agir avec les maîtres n’a pas produit un véritable corps enseignant, Il faut rendre permanentes les fonctions d’instituteur et y attacher un Salaire irréductible.

À cette proposition de M. Philbrick, les partisans de l’ancien système font l’objection suivante :

Vous faites Sans doute un sort très enviable à l’instituteur avec des fonctions permanentes et une rétribution convenable. Vous lui donnez la dignité et l’indépendance. Vous le garantissez contre la mobilité de l’opinion publique. C’est très bien. Mais comment garantissez-vous le public contre l’instituteur, qui n’est que son serviteur ? Lorsque le maître n’aura plus la crainte de perdre son emploi, fera-t-il son devoir ? L’élection annuelle et la faculté de renvoyer