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REVUE PÉDAGOGIQUE

Quoi ! des questions se rapportant à l’organisation de la famille, celle du divorce, par exemple, celle de la condition des enfants naturels, une foule d’autres ayant trait au régime de la propriété, au développement du crédit, à la constitution même des délégations ou pouvoirs publics, toutes ces thèses sociales si considérables pourraient être posées devant un Parlement issu du suffrage populaire, être débattues dans ce Parlement, sans que le peuple, la nation prise en masse, eût la plus simple idée de la loi existante, de ce qu’elle contient ou de bon ou de mauvais, de ce qui peut et doit y être changé ! Quelle contradiction serait plus flagrante, quelle plus déraisonnable et, avec le temps, quelle aventure nous menacerait de périls plus grands !

Ainsi apparaît-il, avec une évidence complète, que, dans notre France, en l’état actuel, c’est au nom des intérêts les plus immédiats du citoyen comme de l’homme privé, les plus divers et les plus graves, qu’il importe que la lumière soit faite sur l’ensemble du Droit et des lois ; que, dans ce qu’elle a de fondamental, la connaissance du Droit et des lois pénètre partout.

Mais les objections se pressent. « Que parlez-vous de populariser la connaissance du Droit ? Le Droit n’est-il pas fait uniquement d’abstractions, n’est-il pas une science de rapports, et ne repose-t-il pas tout entier sur une des conceptions les plus hautes à laquelle puisse s’élever l’esprit de l’homme, sur l’idée que l’on doit se faire du Juste ? Comment vulgariser une telle idée et surtout en l’appliquant aux relations si nombreuses et si complexes que le Droit a charge de régler ? Puis, à tort ou à raison, nos lois ne passent pas toutes, dans l’opinion commune, pour être des chefs-d’œuvre de simplicité, de précision, de clarté ? Beaucoup, au contraire, sont, aux yeux du public — pardon de l’irrévérence grande — un grimoire où les plus habiles se trompent quelquefois et ne savent pas toujours lire. Enfin, l’essai a été tenté, et la meilleure preuve que, selon votre propre sentiment, il n’a pas réussi, c’est que vous proposez à tout le monde de le tenter encore. »

Je répondrai d’abord sur ce dernier point.

Je n’ignore pas que des écrivains consciencieux et experts se sont ingéniés à résumer dans les termes les plus brefs et les plus concis certaines parties de nos lois et que peut-être