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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/571

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LA PRESSE ET LES LIVRES

à ce but. C’est sur les lois psychologiques que doit reposer le choix des objets et des méthodes d’enseignement.

Nous nous garderons bien d’exposer ici la psychologie de Herbart, dont le langage technique et obscur risquerait d’effrayer nos lecteurs. Quant à sa morale, elle comprend cinq divisions, ce qu’il appelle les cinq idées pratiques : liberté intérieure, perfection, bienveillance, droit, et équité. L’homme de bien est celui qui est fidèle à ces directions ; la pédagogie a pour objet suprême de mettre l’homme en état de s’y conformer et de lui en inspirer la ferme volonté.

2. L’éducation se divise en trois parties principales : A, le gouvernement (Regierung), ou la direction extérieure, la police scolaire : B, l’enseignement (Unterricht) ; C, la discipline morale (Zucht), qui comprend la formation du caractère. — Tout enseignement doit être éducatif, c’est-à-dire qu’il ne doit pas consister simplement à accumuler des connaissances, mais avoir en vue de produire et de coordonner des idées, d’exciter l’intérêt, de créer le vouloir et de donner naissance au jugement moral.

3. Un dis points cardinaux de la pédagogie de Herbart, c’est sa doctrine de la multiplicité de l’intérêt (Vielseitigkeit des Interesses). L’intérêt peut être empirique, spéculatif, esthétique, sympathique, social et religieux. L’éducateur doit se proposer d’éveiller et de développer régulièrement chacune de ces six formes, de façon à ce que chaque élève trouve dans l’enseignement quelque forme d’intérêt qui puisse l’attacher.

4. Pour parvenir à ce résultat, le maître doit diviser son enseignement en quatre étapes successives, que nous croyons devoir indiquer mal : ré la bizarrerie de la forme. Ce sont : A, la clarté, qui comprend : a) l’analyse, c’est-à-dire la préparation à ce qui est nouveau ; b) la synthèse, c’est-à-dire l’exposition de ce qui est nouveau ; B, l’association, qui rattache le nouveau aux choses déjà connues ; C, le système, qui rassemble et coordonne les résultats obtenus afin d’en constituer un ensemble organisé : D, la méthode ou l’exercice, ou degré de l’application pratique.

La pédagogie de Herbart occupe une place si considérable dans les écrits et les polémiques du jour en Allemagne, qu’il nous a semblé utile d’en reproduire ici, malgré l’obscurité inévitable d’un tel résumé, les lignes principales. Longtemps inconnues, médiocrement appréciées, même par plusieurs de ceux qui s’y intéressaient, les doctrines de Herbart n’acquirent une véritable notoriété que par les travaux de Stoy et de Ziller.

Le Dr Stoy fonda à ses frais une école normale à Iéna en 1843 pour y appliquer ses idées pédagogiques ; il l’a dirigée avec grand succès jusqu’au commencement de cette année-ci, où il est mort à l’âge de 70 ans. Il a formé dans cet intervalle plus de 600 élèves, placés aujourd’hui dans toutes les parties de l’Allemagne et de l’Autriche. Tout en prenant pour base de son enseignement la