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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/572

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REVUE PÉDAGOGIQUE

pédagogie de Herbart, il a su montrer un esprit large, s’est attaché à l’esprit plutôt qu’à la lettre, insistant par-dessus tout sur la valeur personnelle de l’éducateur, plus importante de beaucoup à ses yeux que celle des méthodes. Ses disciples sont ce qu’on appelle les herbartiens modérés.

À côté d’eux s’est formée une école d’herbartiens plus rigoureux et plus prétentieux. Ceux-ci ont Ziller pour chef. Le Dr Ziller fonda en 1862, auprès de l’université de Leipzig, un institut pédagogique äcadémique (academisches pädagogisches Seminar), avec une école primaire d’application, ou école annexe. Les auditeurs des cours étaient moins des étudiants de la faculté des lettres que des théologiens ou des instituteurs autorisés, après de bons examens, à suivre les cours de l’Université. Très actif, très ardent, d’une nature passionnée et intolérante, Ziller a voulu pousser l’herbartianisme à ses dernières conséquences, lui donner une forme qu’il croyait définitive et absolue. Il nous serait difficile ici de donner une idée exacte de son système, qui nous paraît consister beaucoup plutôt en formules obscures qu’en idées neuves. Voici du moins ce qui le caractérise. Il prétend que le dernier mot de la science pédagogique, c’est la concentration de l’enseignement. Il n’entend pas par là cette sage méthode des bons maîtres qui cherchent à rattacher, à grouper, à réunir par un lien commun les différentes matières de l’enseignement, ou à mettre en lumière leurs points de contact ; non, la concentration consiste, pour Ziller, à prendre une matière quelconque, et à en faire le centre de toutes les autres branches d’enseignement ; aucune d’elles n’a plus d’existence particulière ; elles ne sont que les rayons du centre commun plus ou moins arbitrairement choisi, et ne sont étudiées que dans la mesure où elles sont nécessaires pour éclairer le sujet principal. Cet objet central de l’enseignement doit être pris soit dans l’histoire profane, soit dans l’histoire religieuse, et changer chaque année. Voici le plan d’études tracé par Ziller. Pour la première année, il avait choisi douze fables ; pour la seconde, l’histoire de Robinson ; pour la troisième, l’histoire des patriarches, Les cinq autres années devaient avoir tour à tour pour étude centrale l’époque des juges d’Israël, celle des rois d’Israël, la vie de Jésus, l’histoire des Apôtres, et celle de la Réformation. Ces huit objets répondent selon Ziller aux huit étapes, aux huit degrés de civilisation que l’humanité a traversés jusqu’à ce jour, et correspondent également aux degrés successifs de développement de l’enfance pendant les huit années de la vie scolaire. De six à quatorze ans, dit Ziller, l’enfant parcourt ainsi avec rapidité toutes les étapes de la vie historique de l’humanité.

Nous n’entreprenons pas de discuter le plus ou moins de valeur de ces théories. Leur auteur les tenait pour la vérité même, pour le premier et le dernier mot de la science. En 1868, pour contribuer à leur propagation. il fonda la société de la Pédagogie scientifique, qui ne