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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1885.djvu/573

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LA PRESSE ET LES LIVRES

tarda pas à avoir sa revue particulière. Après la mort de Ziller (1882), c’est le professeur Th. Vogt, de Vienne, qui en a pris la direction. Difficile à comprendre, hérissée comme elle est de termes techniques, écrite dans un langage spécial qui demande une initiation, c’est une revue plutôt philosophique que pédagogique, qui semble exercer une assez médiocre influence. En revanche, la Société de pédagogie scientifique compte un grand nombre d’adhérents, plus de 600, qui ne semblent pas tous absolument d’accord, et que le Dr Wesendonck (dans un article du Repertorium auquel nous empruntons ces détails) divise en quatre catégories. Ce sont d’abord les simples herbartiens, fidèles aux doctrines du maître. Ensuite les herbartiens modérés, comme nous les avons déjà désignés, dont la vénération n’exclut pas la critique ; parmi eux, Stoy et ses élèves. Puis les Zilleriens ou néo-herbartiens, de la « stricte observance » ; c’est le parti militant, agressif, qui n’admet pas de salut hors de sa chapelle, pas de pédagogie en dehors de ses formules. Enfin, il y a, paraît-il. les herbartiens par mode, par imitation, qui aiment à voir leurs noms inscrits sur la liste des sociétaires, et se soucient médiocrement de la doctrine.

L’exclusivisme et le langage hautain des disciples de Ziller ont soulevé depuis longtemps contre eux une antipathie bien compréhensible. Un herbartien modéré, M. Frædhlich, n’a pas craint de protester lui-mème contre des prétentions et des allures qui lui paraissaient injustifiées et dangereuses. De quelle mêlée la critique de Frœbhlich a été le signal ! Pendant que les uns reprochaient aux disciples de Ziller leur esprit exclusif et batailleur, l’obscurité et les dangers de leurs théories, ceux-ci répondaient par l’expression d’un souverain dédain pour ceux qu’ils appellent des dilettantes, des ignorants, des têtes bornées, etc.

Nous avons déjà nommé le plus considérable des adversaires de l’école de Herbart : c’est Dittes, qui combat infatigablement dans son Pædagogium des prétentions et des doctrines qui lui paraissent compromettantes pour une saine pratique de l’enseignement ; il plaide en faveur du bon sens ; il montre que la pédagogie prétendue « scientifique » n’a rien de commun avec la science, puisqu’elle s’appuie non sur l’observation des faits, mais sur une théorie métaphysique : et que les quelques vérités qu’elle contient et qu’elle exprime dans un langage barbare sont de celles que les éducateurs ont toujours connues et appliquées.

La plus sérieuse défense de l’herbartianisme est présentée par le Dr Rein, directeur de l’école normale d’Eisenach, dans son intéressant recueil Pædagogische Studien. Là, des écrivains de valeur, comme Rein lui-même, Gœbpfert, Zillig et autres rompent des lances en faveur des doctrines de Ziller, expliquent et vantent la « concentration », repoussent les attaques, portent l’agression sur le terrain des adversaires. *

Les herbartiens, qui ont plusieurs journaux et revues, ont fondé