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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/205

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LES COLONIES DE VACANCES

modestes pour ne point tenir à une vaine gloire, c’est à nous de nous montrer reconnaissants, et d’attacher le nom de M. W. Bion à l’œuvre des colonies scolaires.

C’est par mon ami Cottinet que j’en ai pour la première fois entendu parler. Ua jour il entra chez moi, tout échauffé, et me parla de son idée avec cette chaleur de cœur, avec cette bonne grâce de langage qu’il porte dans tous les sujets qu’il lui plaît de traiter.

Il s’agissait de prendre dans les écoles primaires du neuvième arrondissement — nous appartenons l’un et l’autre à ce neuvième arrondissement — un certain nombre d’enfants pauvres, de les choisir parmi les plus malingres et les plus souffreteux, et les emmener pendant les vacances loin de Paris, en montagne ou en forêt, pour y faire une cure d’air.

— « Eh mais ! » lui dis-je, « votre idée n’est déjà pas si nouvelle. C’est celle des caravanes scolaires[1].

— Point du tout. À Dieu ne plaise que je dise du mal des caravanes scolaires. Elles ont leur grande utilité. Mais pour former ces caravanes, on prend naturellement des enfants vigoureux et lestes, on part avec eux, et l’on explore toute une région, allant d’étape en étape, sans s’arrêter nulle part plus longtemps que ne l’exige une visite rapide du pays. On marche pour marcher, pour se fortifier les jambes qu’il faut avoir bonnes ; les voyages en zig-zag de l’ami Tœppfer ont servi de modèle aux caravanes scolaires.

» Moi. ce n’est pas cela que je rêve.

— C’est, » lui dis-je en l’interrompant, « quelque chose comme l’hospice de Berck-sur-Mer, où l’on envoie les enfants scrofuleux et rachitiques se guérir au souffle vivifiant de la mer ?

— C’est un peu cela, si vous voulez, mais ce n’est pas cela. Berck est en effet, ainsi que vous dites, un hospice, et, comme dans tous les hospices, on y envoie aux frais de l’État ou de la ville des enfants qui n’en reviennent que guéris, quand toutefois ils peuvent l’être. Ils y restent à demeure toute l’année. Mon idée est autre.

  1. Voir, sur la question des caravanes scolaires, la conférence faite à la Sorbonne par M. Ch. Durier, et publiée par la Revue pédagogique dans son numéro du 15 mai 1883, p. 389. — La Rédaction.