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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/206

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REVUE PÉDAGOGIQUE

» Que font durant les vacances nos enfants des écoles primaires ? Beaucoup vaguent sur le pavé des rues, respirant l’air empoisonné de la grande ville, mangeant la nourriture de la famille qui est souvent insuffisante et presque toujours frelatée, buvant l’eau de la Seine, remplaçant l’hygiène de l’école, qui n’est pas toujours des meilleures, par une hygiène plus mauvaise encore.

» Aussi regardez-les-moi, ces pauvres petits êtres chétifs et pâles, dont la poitrine est creuse, les épaules étroites, les jambes molles et tristes. Que leur faudrait-il pour se remettre ? un mois de bon air, de courses et de jeux, de nourriture saine et forte ; un mois loin de l’infect ruisseau de leur rue, en pleine montagne ou en pleine forêt.

» Eh bien ! rien n’est plus simple que d’assurer le bienfait de ces vacances régénérantes, sinon à tous nos petits Parisiens, à un certain nombre tout au moins, et pour commencer à ceux qui en auraient le plus besoin, aux plus malingres et aux plus pauvres.

» Il n’y a qu’à choisir dans un pays sain, et si l’on peut même, pittoresque, une station où l’on se chargera moyennant une rétribution très modique d’héberger et de nourrir une douzaine de nos enfants, quinze ou vingt au plus, qui formeront là une sorte de colonie, une colonie scolaire. Pendant les vacances, nombre d’établissements publics sont vides ; les chefs de ces établissements ne demanderont pas mieux que de les ouvrir à nos colons, et de leur fournir une chère qui ne sera pas délicate, mais qu’assaisonneront le grand air et la faim. De ce centre, où les enfants rentreront tous les soirs, ils rayonneront chaque jour en longues promenades.

— Sous la conduite de qui ?

— Nous trouverons aisément parmi les maîtres et les maîtresses de nos écoles des personnes de bonne volonté, qui, pour une légère rétribution, se mettront à la tête de la colonie, et profiteront pour elles-mèmes de la cure d’air que nous ménageons à nos enfants.

» Vous voyez par ces explications que notre institution ne saurait être confondue ni avec les caravanes scolaires, ni avec les hospices maritimes : elle leur ressemble et elle s’en distingue. Elle les complète, sans les imiter. »