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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/494

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REVUE PÉDAGOGIQUE

Eo Algérie, les Juifs ont une situation particulière depuis le fameux décret de M. Crémieux qui d’un trait de plume les a affranchis et les a en bloc naturalisés Français, au nombre de 30,000, tandis que les Arabes, jusque-là leurs maîtres, restaient à l’état de sujets. En Tunisie ils sont aussi sous la protection française, mais on ne songe pas à leur conférer le même privilège qu’en Algérie.

Dans les deux pays, ils ont eu jusqu’à ces dernières années et ils ont encore à Tunis leurs écoles distinctes, où s’entasse une population d’aspect pauvre et médiocrement propre, mais d’une merveilleuse intelligence.

Si des villes nous passons aux campagnes, le mélange des races va diminuant : nous nous trouvons en présence de groupes de populations très bien déterminés.

Tous nos lecteurs sont familiarisés avec la grande distinction des indigènes en Arabes et Kabyles. C’est sur cette distinction, peut-être quelque peu exagérée, qu’on a fondé dans ces derniers temps bien des hypothèses historiques, bien des théories sur l’avenir de l’Algérie. En nous restreignant au seul objet qui nous intéresse ici, et sans aborder d’inextricables problèmes d’ethnographie, nous remarquerons trois grandes divisions parmi les populations que nos écoles peuvent se flatter d’atteindre dans un temps plus ou moins long : 1° les Kabyles, 2° les Arabes relativement sédentaires et 3° les Arabes nomades.

Les Kabyles sont les représentants de ce type berbère, qui est peut-être celui des habitants primitifs du nord de l’Afrique, On évalue à un chiffre qui varie, suivant les auteurs, entre un million et deux millions la population kabyle de l’Algérie. Mais ils forment surtout un groupe compact de quelque six cent mille âmes dans cet admirable massif montagneux du Djurjura, cette sorte de Suisse algérienne qu’on est convenu d’appeler la « grande Kabylie ».

« Les Kabyles du Djurjura, dit Élisée Reclus, ont le crâne et le visage moins ovales que les Arabes, la face plus large et plus pleine, le front plus régulier et moins fuyant, les sourcils moins arqués ; le nez est rarement aquilin et souvent gros et