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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/497

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NOS PIONNIERS EN AFRIQUE

Pour achever cette division par grandes masses de la population indigène soit des villes, soit des campagnes, il reste à mentionner un dernier groupe important en Algérie et plus encore en Tunisie. C’est la réunion de tous les éléments européens non français, qui s’élèvent sur la côte de la Méditerranée à plusieurs centaines de mille habitants : les Italiens, beaucoup plus nombreux que nous en Tunisie et même dans certaines parties du département de Constantine, les Espagnols, nombreux surtout dans l’Oranais, de petits groupes de Grecs, de Suisses, d’Arméniens, et enfin et surtout une population très répandue sur toute la côte et qui est particulièrement intéressante comme une sorte de transition vivante entre les deux mondes. Ce sont les Maltais, sujets anglais, il est vrai, mais parlant un dialecte arabe, avec force mélange d’italien, d’espagnol, de français, et d’anglais. Le Maltais, nerveux, robuste et sobre, peut seul parmi les Européens rivaliser avec l’Arabe, avec le Biskri, avec le Mzabite, avec le Marocain même pour tous les plus rudes métiers à la ville et aux champs, sur terre et sur mer. Il est batelier, porteur d’eau, chevrier, boucher, portefaix, manœuvre. Il parle arabe et il est fervent catholique. Il envoie volontiers ses enfants, filles et garçons, à l’école. Il va de soi que dans tout ce groupe de population européenne l’école ne rencontre ni difficulté ni antipathie particulière. Il n’y a qu’un peu de paresse à vaincre, des habitudes à créer, des locaux à ouvrir et peut-être, en Algérie au moins, une obligation à édicter.

Tels sont, en dehors de la population française proprement dite, les divers éléments dont se compose ce qu’on appelle sommairement la population indigène :

Dans les villes : des Maures, des Juifs, des Maltais et un nombre variable d’Européens, sujets, mais non citoyens français ;

Dans les campagnes : d’une part des Kabyles groupés dans quelques parties montagneuses, dispersés dans d’autres, mais partout cultivateurs ou ouvriers sédentaires : d’autre part des Arabes qui ne sont nomades que dans des limites assez restreintes et qui ne s’éloignent pas assez pour échapper à l’instruction, pourvu que l’instruction consente à se rapprocher d’eux.