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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/500

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REVUE PÉDAGOGIQUE

De là vient que dès la première année du protectorat en Tunisie On a pu, en matière d’école, se proposer nettement un but et le poursuivre ouvertement, tandis qu’en Algérie, après cinquante ans de tâtonnements, on arrive à peine à un plan définitif. Ce n’est pas qu’on n’ait vu en Algérie même dès les premières années ce qu’il y avait à faire. Ce qui frappe au contraire quand on relit la solide et lumineuse étude de M. Foncin sur l’histoire de l’enseignement des indigènes en Algérie, c’est que le premier mouvement avait été le bon : nos généraux à peine établis dans les villes avaient songé à l’instruction des enfants indigènes comme à une des premières mesures de pacification ; ils avaient même eu l’illusion généreuse de croire la chose si simple qu’elle se ferait presque toute seule.

On avait très judicieusement commencé par songer à la population des villes, d’Alger d’abord. Dès 1836 il y avait une école maure-française qui débuta bien, mais déclina très vite. Quoi de plus docile pourtant que cette population mauresque ? Et comment en sommes-nous encore, après cinquante ans de vie côte à côte, à lui apprendre les premiers éléments du français ? C’est là, osons le dire, un des étonnements des étrangers, c’est une de ces questions indiscrètes qu’ils nous posent avec un air d’indifférence et qui blessent peut-être plus encore qu’elles n’embarrassent.

A la dénomination d’école maure-française le maréchal Randon substitua celle d’école arabe-française et de collège arabe-français.

I ! y eut un moment d’élan, peut-être plus apparent que réel. peut-être un peu officiellement, c’est-à-dire artificiellement entretenu. Ce n’en est pas moins un vrai service que l’on doit au régime militaire d’avoir pendant quelques années tenu la main à l’établissement des écoles. A partir de 1863, à mesure que s’étendit l’organisation communale et que le budget de ces écoles dépendit des municipalités, le déclin fut rapide.

Il faut avoir le courage de le dire, ce n’est pas aux indigènes, c’est surtout aux Français qu’est imputable la disparition graduelle des écoles arabes-françaises.

L’enseignement étant une charge exclusivement communale, il suffit que le zèle des municipalités se refroidit pour que l’école