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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/501

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NOS PIONNIERS EN AFRIQUE

tombât. Une école qui ne prospère pas est presque aussitôt une école qui périclite. Les Français témoignèrent grande répugnance à mettre leurs enfants en contact avec ceux des indigènes, et cette répugnance n’était pas sans de justes motifs. On aurait pu, à force de soins, d’ordre, d’affection, de patience, triompher de bien des préjugés, atténuer bien des haines, préparer le rapprochement des deux races dans l’école en attendant qu’il fût possible ailleurs. C’est ce que firent avec autant de succès qu’ils y mettaient de dévouement quelques instituteurs au cœur généreux, dont le nom restera longtemps cher aux générations qu’ils ont élevées : quand le voyageur rencontre aux portes du désert, dans l’oasis de Biskra, un Arabe, jeune ou vieux, qui lui adresse la parole en bon français avec un sourire, il ne peut réprimer un mouvement de surprise, il demande l’explication, et c’est avec un accent d’émotion et de respect que l’Arabe lui parle de « Monsieur Colombo » comme d’un bienfaiteur du pays que tout le monde doit connaître. Cet ancien sergent devenu maître d’école et resté vingt-cinq ans à son poste est le type de ces missionnaires de l’enseignement, ouvriers de la première heure et conquérants à leur manière : ils avaient, à force de bon sens et de bon cœur, résolu le problème que tant d’autres prétendent insoluble. Mais quand au nom de Colombo nous aurons ajouté ceux de M. Destrées à Mostaganem, de M. Delord à Oran, de M. Depeille à Alger, de M. Décieux à Tlemcen, et peut-être une demi-douzaine d’autres, nous serons bien obligés de convenir qu’en dehors de ces efforts individuels l’école arabe-française avait disparu en Algérie au moment où la nouvelle législation scolaire fut promulguée en France.

Cette législation, appliquée à l’Algérie par le décret du 13 février 1883, en déchargeant les communes de la plus grande partie de la dépense scolaire, la faisait passer à la charge de l’État, et par là même lui donnait le droit d’intervenir. Il en usa pour sauver le peu qui subsistait encore des écoles arabes-françaises.

Le conseil municipal d’Alger venait, par des raisons que nous n’avons pas à rechercher, de voter la suppression de la seule école ouverte aux indigènes dans la ville d’Alger, oui, la seule pour une population arabe que le recensement officiel évalue