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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1887.djvu/511

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NOS PIONNIERS EN AFRIQUE

Transportons-nous maintenant bien loin des montagnes. Cherchez sur une carte d’Algérie par-delà le Tell, par-delà les Hauts-Plateaux, sur la limite du Sahara un de nos postes les plus avancés, Ghardaïa, la capitale du M’zab, à plus de 650 kilomètres d’Alger. Un voyageur coiffé d’un medol, c’est-à-dire d’un de ces immenses chapeaux de jonc ou d’alfa plus larges que des ombrelles, s’engage, accompagné d’un cavalier que le colonel a mis à sa disposition, dans la vaste plaine sablonneuse qui s’étend jusqu’à Laghouat. Il se dirige sur un village aux environs duquel doit stationner en ce moment la tribu des Maâmera, de la confédération des Larbâa, une des plus vieilles et des plus fidèles alliées de la France. Le voyageur, c’est M. Scheer en tournée d’inspection ; il va voir l’école. Malheureusement les Maiméra sont partis avec leurs troupeaux et leur école, ils sont à 50 ou 60 kilomètres plus loin. On remonte à cheval, on chemine par une chaleur de 40 degrés, et le soir on arrive auprès du vaste lit de l’’Oued-Chef, un de ces torrents desséchés l’été qui donnent à cette terre d’Afrique un aspect si étrange et si désolé. C’est dans cet abri naturel que sont établies les tentes en cercle. À peu près au centre, une de ces tentes en feldja (bandes de laine et de poils de chameau), supportée au milieu par deux fortes perches de 2,50 de haut et sur les côtés par quatre autres plus petites, avec seize piquets pour fixer au sol les extrémités de la toile, c’est l’école.

La nuit vient, la nezla (fraction de tribu) se rassemble. On se groupe autour de l’inspecteur et, sous le ciel plein d’étoiles, à la fraîcheur de la nuit, on cause. Cette fois ce n’est pas le conteur arabe que l’on écoute, c’est cet inspecteur qui leur raconte (en arabe bien entendu) des histoires tout aussi merveilleuses : il leur parle des chemins de fer, des télégraphes et même des téléphones. Incrédulité générale, puis quand on s’aperçoit qu’il parle sérieusement — car on le connaît et on a confiance en lui, — on admire, on s’étonne, on lui redemande mille détails. Lui ne se lasse pas. Maintenant il leur parle d’une bien autre merveille, Pasteur et la guérison de la rage ; on parle aussi de