l’instruction pour leurs fils à cause du profit qu’ils en peuvent tirer.
A la suite de cet examen des écoles indigènes en Algérie, on se pose naturellement une question, celle du résultat.
Sans doute, l’école rapproche les Arabes de nous par les contacts du maître, des enfants, des familles. Mais ce rapprochement est momentané, fugitif, ne laisse guère de trace et semble peu en rapport avec les efforts qu’il coûte.
Notre perplexité augmente en envisageant l’avenir de l’enfant qui sort de nos mains.
L’écolier arabe vivant à la campagne, dans la tribu, milieu exclusivement indigène, y oublie rapidement le peu qu’il a appris avec nous, des mots en définitive.
L’écolier des villes s’en souvient plus longtemps ; mais quel fruit en retire-t-il ?
Le père arabe, en nous faisant cette concession d’envoyer ses enfants dans nos écoles, se croit déchargé de leur avenir, et ceux-ci entrent volontiers dans la même idée. Les pires des ignorants sont ceux qui croient savoir quelque chose. Gonflés de leur importance en nous quittant, nos élèves dédaignent le foyer paternel ; tout leur rêve est de devenir fonctionnaires. Ils sollicitent, sollicitent encore en vue de cet objet ; et, ne réussissant pas, se jettent sur l’étranger comme sur une proie afin de nourrir leur misère en lui servant d’interprète. Souvent ils tombent bien plus bas.
Ainsi, les rudiments de connaissances trouvés dans nos écoles, développant chez l’indigène la personnalité, la vanité, l’outrecuidance, sans développer l’énergie, l’esprit de conduite, le gouvernement de soi, produisent en définitive des déclassés. Si ces élèves perdent une partie des préjugés et du fanatisme de leur race, ils perdent en même temps leur seule règle : celle de la religion et de l’opinion ; ils prennent nos vices, sans prendre ni nos vertus, ni nos facultés, ni nos ressources. Un changement dans la direction et le caractère de l’école indigène nous paraît donc s’imposer impérieusement.
Pour rapprocher l’Arabe de nous, l’amener à notre civilisation, il faut tout d’abord le sortir de l’oisiveté et de la misère. Indolent et contemplatif par nature, paresseux par impuissance, par le