cours partout. Tels, par exemple, la forge, la serrurerie, la menuiserie, etc. Par qui sont-ils exercés en Algérie ? Ni par les Français qui les dédaignent, ni par les Arabes qui les ignorent. Ils sont exercés par des étrangers, souvent maladroits, et toujours, en raison de la rareté, d’une exigence extrême. La main d’œuvre est hors de prix, et encore les bras manquent. Les choses périclitent pour n’être ni réparées, ni entretenues. Nous avons donc tout intérêt à donner le métier aux Arabes. Dans les villes, les besoins journaliers en détermineront la nature. Dans les campagnes, au sein du douar, on pourra le limiter aux nécessités de la tribu, en s’attachant de préférence à des éléments pratiques d’agriculture.
L’Algérie, par l’absence de charbon de terre, peut rester fermée à la grande industrie, tandis que son sol fertile et inculte encore en grande partie fait aux travailleurs toutes les promesses. L’Arabe d’ailleurs est essentiellement agriculteur, par ses traditions et ses habitudes. Seulement les procédés et les instruments lui manquent. La charrue primitive ne suffit plus aujourd’hui aux exigences de la production ; il faut qu’il apprenne à se servir de la nôtre, et il ne l’apprendra que par l’usage. L’intérêt est un grand maître ; il sera ici notre allié. La jeune génération nous est acquise.
Dans les écoles de filles, l’enseignement professionnel devra se limiter aux métiers qui laissent les femmes à la maison. Commençons simplement par ceux qu’elles y exercent déjà, en les améliorant et les développant : le blanchissage, le repassage, la couture à laquelle on joindrait la coupe et la confection ; les broderies du pays, soie, argent et or ; le tissage de certaines étoffes, mais avec nos métiers bien supérieurs à ceux des indigènes.
L’abaissement de la femme arabe, tiré de la religion et de la loi musulmanes, est consacré dans les faits par son incapacité de trouver en elle-même les ressources de la vie. Privée de la protection précaire et chèrement achetée du père et du mari, elle n’a d’autre ressource que les derniers désordres et la dernière abjection. Son absolue dépendance la touche peut-être peu, mais elle redoute les misères qui en dérivent, et, pour s’en affranchir, ne recule nullement devant le travail. Le plus petit gain d’ailleurs