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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1891.djvu/492

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REVUE PÉDAGOGIQUE

d’ordinaire plutôt mal que bien, le peu qu’il savait lui-même, et les résultats, comme bien on pense, n’étaient pas brillants[1]. Heureux encore, quand la tentative avait quelque durée ! Mais que de fois n’arrivait-il pas que le chef militaire auquel l’essai était dû quittait le pays, appelé à un autre poste, et cédait la place à un successeur inspiré d’idées toutes différentes ? Convaincu qu’instruire les indigènes était un danger et qu’on les maintiendrait d’autant mieux dans l’obéissance qu’ils resteraient ignorants, le nouveau venu supprimait tout ce qui avait été fait avant lui : les écoles étaient fermées, les élèves renvoyés, les maîtres congédiés, jusqu’à ce qu’une autre expérience recommençât, dans des conditions aussi défectueuses et aussi précaires que par le passé.

Il faut arriver jusqu’en 1883, peu de temps après l’extension du territoire civil décidée et accomplie sous l’administration de M. Albert Grévy, pour trouver enfin le plan d’une organisation raisonnée, et destinée, non plus à telle ou telle partie du territoire, mais à la colonie tout entière. Un décret, qu’on a nommé à bon droit le Code de l’instruction primaire en Algérie (décret du 13 février 1883), contenait un titre spécial relatif à l’enseignement des indigènes. On y consacrait plusieurs innovations importantes : la création d’une prime de 300 francs accordée aux indigènes pour la connaissance de la langue française ; l’institution d’un certificat d’études primaires élémentaires simplifié, de façon à ne pas leur en rendre l’accès trop difficile ; l’établissement de cours normaux destinés à préparer ceux d’entre eux qui voudraient se consacrer aux fonctions d’enseignement, auxquelles ils pourraient désormais être appelés, soit comme adjoints, s’ils possédaient le brevet de capacité, soit comme moniteurs, s’ils n’étaient munis que du certificat d’études ; enfin l’organisation de deux catégories d’écoles, les écoles principales ou écoles de centre, dirigées par des instituteurs français, puis, autour de ces écoles et dépendant d’elles, d’autres, plus modestes, dites écoles préparatoires ou de

  1. Nous croirions commettre une injustice en ne signalant pas, à titre d’honorables exceptions, outre les directeurs de quelques importantes écoles arabes-françaises établies dans les villes, l’instituteur de Biskra, M. Colombo, retiré de l’enseignement depuis quelques années, mais que nous avons eu la bonne fortune de voir encore à l’œuvre, alors que nous étions chargé de la direction de l’enseignement primaire des indigènes en Algérie. — F. M.