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REVUE PÉDAGOGIQUE

Il nous tend la main avec une cordialité empressée. Quoique la classe soit garnie de bancs, les petits élèves sont assis par terre autour de lui, si serrés que d’un coup d’épervier on les ramasserait tous. Parmi eux, les fils du caïd de la tribu ; — le père n’a pas manqué d’assister à l’inspection. Son fils aîné est aussi un élève des Pères et parle très bien le français. Le jeune moniteur et les petits élèves ont l’air de s’entendre à merveille : on parle en français, on rit. Tout un petit monde très gai !

L’inspection des classes terminée, le P. Charton nous fait visiter la maison, les austères cellules des religieux, le dortoir des élèves. Car il y a là un internat : deux internes qui paient pension, et cinq qui sont entretenus gratuitement. Des pensionnaires et des pensionnés, nous dit en riant le Père supérieur.

Il nous explique ensuite comment on obtient une bonne fréquentation des externes : trois sous par semaine pour l’assiduité complète ; on retranche deux centimes et demi à quiconque manque une classe, un centime à qui manque l’étude.

Car il y a des heures d’étude en dehors des heures de classe : quatre heures d’étude et quatre heures de classe ; total huit heures par jour. — Il n’est pas étonnant qu’on obtienne de si bons résultats.

Maintenant quelques mots sur les écoles manuelles d’apprentissage.

Notre ami Masqueray avait promis à ses clients les Kabyles l’enseignement des métiers manuels, afin que « leurs enfants trouvent à vivre dans le monde ». L’engagement a été tenu, au moins sur certains points.

Malheureusement l’école supérieure des arts et métiers de Fort-National, incendiée en 1871 par les insurgés, n’a pas été reconstruite. Les ruines sont toujours là. Celle de Dellys reçoit quelques indigènes ; mais ce n’est pas à eux qu’elle est spécialement destinée.

Il n’existe donc, à leur usage particulier, que des écoles secondaires de cet ordre. J’ai visité les trois qu’on a récemment créées. L’aspect de toutes trois est identique : un grand hangar, au bout duquel est un logis pour le maître-ouvrier français.

À celle des Beni-Yenni, on travaille le fer ; à celle de Tamazirt,