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REVUE PÉDAGOGIQUE

Sur les carrés de terreau appétissant, on voit les écoliers en burnous bêcher, sarcler, ratisser. Ce qu’ils font pousser sur leur lot, fleur, fruit ou légume, leur appartient.

Emportées triomphalement à la maison paternelle, ces prémices de l’horticulture européenne vont étonner le vieux paysan, désarmer ses défiances, le faire douter de l’antique routine.

D’autres instituteurs marchent sur les traces de celui-là.

À Michelet, l’Administrateur a créé, avec des mérinos, une bergerie modèle.

Aux écoliers kabyles on a dû renoncer à enseigner la gymnastique et les exercices militaires : la gymnastique, parce que leurs courses de montagne suffisent à les tenir bien en forme, et aussi parce qu’ils n’ont pas de culottes, ce qui rend le trapèze incompatible avec la pudeur — et il y a des Anglais et des Anglaises là-bas ! — les exercices militaires, parce que cela inquiétait les parents.

Ils s’étaient imaginé que nous voulions faire de leurs enfants des soldats. Or le Kabyle s’enrôle volontiers, surtout quand la récolte a été mauvaise ; mais ne lui parlez pas de notre conscription. Ils ont la caserne en aversion comme chez nous les bourgeois et les paysans aisés… au temps de Louis-Philippe.

Un visiteur éminent, émerveillé des progrès accomplis par les écoliers de Beni-Yenni, disait à l’un d’eux :

— Alors, mon garçon, tu vas sans doute entrer dans les tirailleurs ?

— Oh ! non, répondit l’enfant. Moi, je suis riche… C’est bon pour les Beni-Ouadhia.

VI

De la Kabylie, passons à l’ensemble de l’Algérie. Sur les communes de plein exercice, quelques mots suffiront. Nous avons à signaler les deux écoles indigènes d’Alger, les deux de Constantine (l’une de garçons, l’autre de filles), celles d’Oran, de Mostaganem, de Tlemcen, etc. Le nombre des élèves indigènes n’est, dans aucune de ces grandes villes, en rapport avec le chiffre de la population musulmane. Même en tenant compte d’une trentaine de cours annexes à des écoles françaises, fréquentés par des élèves musul-