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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/135

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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

mans, il faut bien reconnaître que les municipalités élues sont loin d’avoir fait tout leur devoir envers leurs contribuables de cette religion.

Les communes mixtes du territoire civil sont au nombre de soixante-treize ; de celles-ci trente-cinq, c’est-à-dire près de la moitié, n’ont aucune école indigène. Parmi les trente-huit autres, je n’en vois que quatre ou cinq qui nous présentent des résultats satisfaisants : ce sont les communes de Fort-National et de Djurdjura, dont j’ai déjà parlé ; celle des Guergours, avec ses sept écoles préparatoires groupées autour d’une école-chef ; celle de la Soumam, avec sept écoles du même type ; peut-être encore celle de Dra-el-Mizan, surtout quand l’Administrateur actuel aura donné suite aux bonnes intentions qu’il nous a manifestées. Partout ailleurs, c’est insuffisant et souvent misérable.

Quant aux territoires de commandement, celui de la division d’Alger doit beaucoup au zèle éclairé de M. le général Poizat. La division n’a pas fondé moins de vingt écoles, et cela presque avec les seules ressources des communes indigènes et mixtes militaires ; même elles ont encore à leur charge le traitement du personnel enseignant dans onze de ces écoles : une dépense qui incombe cependant à l’État. Les plus pittoresques de ces écoles sont celles qui accompagnent les nomades dans leurs déplacements. Il y en a deux de ce type, celle des Ouled-Laouar, et celle des Mâamera, une section des Larbâa. Ceux-ci ont un territoire de parcours de 250 kilomètres de l’ouest à l’est, et de 600 kilomètres du nord au sud. Ils changent de campement environ tous les trois mois. Alors on charge la tente-école sur un chameau, et le maître avec ses écoliers disparaissent avec la tribu : ce qui n’empêche pas ceux-ci d’écrire assez correctement en français. La division de Constantine vient ensuite avec six écoles, dont cinq dans la commune indigène de Biskra, et une dans celle de Tébessa : celle-ci est située à Négrine, presque sur la frontière de Tunisie, à quel que 160 kilomètres du chef-lieu administratif. Tous les mois cette école d’avant-poste, dans un pays où tout fait défaut, doit être ravitaillée par les soins du bureau arabe de Tébessa, qui lui expédie un chameau chargé. Seule la division d’Oran n’a rien fait : pour ses trois communes mixtes de Géryville, Aïn-Safra, Lalla-Maghnia, pour sa commune indigène d’Aflou, pour ses cercles de Saïda et