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REVUE PÉDAGOGIQUE

par lui aux généraux divisionnaires ne peut manquer d’être fidèlement transmise aux généraux subdivisionnaires, aux commandants supérieurs de cercle, aux chefs d’annexes ; or nous avons vu que dans les communes indigènes et mixtes militaires tous les membres des commissions municipales, européens ou musulmans, sont désignés par l’autorité.

Sont-ce les ressources qui font défaut aux communes pour s’acquitter de leurs obligations ? Mais nous avons vu qu’une des objections opposées à l’initiative ministérielle de 1881, c’est précisément que ses libéralités s’adressaient à des communes qui étaient déjà riches. Se sont-elles appauvries depuis ? c’est peu probable. Les documents officiels nous montrent que, au moins pour les communes mixtes, — ce sont les plus intéressantes puisqu’elles administrent environ 2,232,000 âmes sur une population totale de 3,265,000 musulmans, c’est-à-dire près des deux tiers, — les budgets municipaux, presque partout, se soldent par des excédents. Pour la Grande-Kabylie, par exemple, le budget, tant ordinaire qu’extraordinaire, de la commune mixte d’Azeffoun, pour l’exercice 1888, se solde par 205,649 francs d’excédent ; celui de Djur-djura, par 220,990 ; celui de Dra-el-Mizan, par 10,792 ; celui de Fort-National par 193,588 ; celui de Haut-Sébaou, par 89,707 ; celui de Dellys, par 35,313. Le même état constate que cette dernière commune n’inscrit ni un franc ni un centime au chapitre « Instruction publique et beaux-arts ». Le budget des communes de plein exercice dans la même région paraît tout aussi prospère : Dellys accuse 16,230 francs d’excédent, Fort-National 18,084, Mékla 14,015, Mirabeau 11,090, Tizi-Ouzou, dont l’école indigène est si pauvrement installée, 140,294. — Donnons quelques autres chiffres pour le reste du département d’Alger : la ville d’Alger accuse 431,729 francs d’excédent, Blida 116,050, Cherchell 127,621. Au total, pour tout le département, 1,992,940 francs, près de deux millions d’excédent pour les communes de plein exercice, et 1,799,748 francs pour les communes mixtes.

Les municipalités et les commissions municipales allèguent qu’avant de dresser des plans pour la création d’écoles indigènes, elles doivent s’assurer d’abord que l’État est en position de verser sa part contributive. Il faut reconnaître que l’État, c’est-à-dire le ministère de l’instruction publique, qui avait montré des disposi-