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L’ENSEIGNEMENT CHEZ LES INDIGÈNES MUSULMANS D’ALGÉRIE

tions si généreuses en 1881, n’y a pas persisté, sans doute parce qu’on ne l’y avait pas encouragé.

De 1881 à 1887, il s’est borné à inscrire à son budget un crédit annuel de 45,000 francs pour les écoles indigènes ; en 1887 seulement, il l’a porté à 219,000 francs ; jusqu’à l’année présente, quoique les créations se soient multipliées, on s’en était tenu là. Il en résultait que beaucoup d’écoles votées par les communes et les conseils départementaux étaient restées sur le papier, faute de crédit pour leur donner la vie.

Enfin, grâce à M. Burdeau, qui a fait récemment un voyage d’études en Algérie et qui depuis a été rapporteur du budget de l’instruction publique pour 1892, le crédit a été porté de 219,000 à 400,000 francs. On pourra presque doubler le chiffre de nos créations. Il ne faudra évidemment pas s’en tenir là : sans viser à répandre l’instruction parmi les populations indigènes aussi largement qu’elle l’est déjà parmi les populations européennes de l’Algérie, on peut bien prétendre à augmenter, dans un avenir prochain, le chiffre de nos écoliers musulmans. Est-ce une utopie que d’ambitionner, au lieu de la proportion de 0.33 par cent habitants, la proportion modeste de 2 % ? Supposons une commune mixte de 30,000 âmes ; d’après ce calcul, elle donnerait une élite de 600 écoliers. Pour les recevoir, évidemment une seule école ne suffirait pas ; il faudrait un véritable groupe scolaire, comme en possèdent tant de petites villes françaises de l’Algérie, habités au plus par 2 ou 3,000 Européens. Seulement, comme le territoire d’une commune mixte comprend de nombreux villages dispersés sur une vaste superficie, le groupe scolaire doit affecter ici l’ordre dispersé. Il pourrait se composer : 1° d’une école ordinaire ou principale, généralement au chef-lieu, tenue par un directeur français, assisté d’adjoints français et indigènes ; 2° d’une demi-douzaine d’écoles préparatoires ou d’écoles enfantines, dans les principales sections de la commune, ayant chacune à leur tête un adjoint ou une adjointe, un moniteur ou une monitrice indigènes ; 3° d’une école manuelle d’apprentissage où, suivant les besoins du pays, un chef d’atelier français enseignerait l’agriculture ou l’horticulture, le travail du fer ou le travail du bois. Tout maître ou toute maîtresse indigène devrait être placé sous la surveillance et l’inspection de l’instituteur-directeur français.