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REVUE PÉDAGOGIQUE

versité réponde à cet appel. Je n’ai pas à vous rappeler le chef kabyle, St-Lounis[1], qui s’est fait l’interprète de ses coreligionnaires, en vous demandant, à une de vos réceptions, de l’eau et des écoles. » Le ministre faisait remarquer qu’au moment où le régime civil succédait en Kabylie au régime militaire, « c’est par les écoles que nous réaliserons le plus aisément, je dirai même avec le plus d’économie, les améliorations désirables ». Il annonçait l’intention de créer tout d’abord quinze écoles dans le ci devant cercle de Fort-National. Il estimait la dépense totale à 225, 000 francs et offrait d’y contribuer pour les trois quarts si le conseil général du département d’Alger consentait à prendre le reste à sa charge, les traitements du personnel enseignant devant, en outre, incomber à l’État.

Cette lettre-programme fut accueillie avec faveur, non seulement en France, ou la République Française déclarait « qu’il n’est guère de document plus important dans l’histoire de l’Algérie », mais aussi dans la colonie. Le Petit Colon écrivait : « Le ministre a fini par entendre nos vœux ». L’Akbar félicitait M. Jules Ferry et ajoutait : « Cette mesure va démontrer aux Kabyles, si disposés à envoyer leurs enfants dans nos écoles pourvu que l’on ne fasse aucun effort pour les détourner de leur foi religieuse, que la France est désormais décidée à exercer sa domination dans un autre but que celui de percevoir des impôts ». Dans l’Indépendance de Constantine on lisait : « Nous avons autant à gagner que les indigènes au rapide développement parmi eux de l’instruction publique ».

Les indigènes se montraient, en effet, très favorables à la diffusion de l’enseignement français. Dès 1878, ceux de Constantine adressaient une pétition à l’inspecteur d’académie ; le 29 octobre 1880 paraissait une lettre de ceux d’Alger, remerciant la France « de songer enfin à arracher leurs enfants à l’ignorance[2] ».

  1. Il est aujourd’hui encore président de la confédération des Aït-Irdjen, commune mixte de Fort-National, et l’un des protecteurs les plus dévoués de nos écoles. Son frère, feu Si-Moulla, s’est montré dans l’insurrection de 1871 fidèle à la France ; il a laissé un renom de savant et de lettres et les auteurs de La Kabylie et les coutumes kabyles lui doivent les plus précieux renseignements.
  2. Pièces annexes aux deux rapports précités.