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REVUE PÉDAGOGIQUE

l’indigenat, pouvaient triompher de la mauvaise volonté ou de l’indolence des parents. Le ministère, sous les premiers successeurs de M. Jules Ferry, résista longtemps à ces objurgations : il décida, encore en 1884, que les quatre autres écoles promises seraient construites, cette fois par les communes, et qu’il mettrait à leur disposition une somme de 225,000 francs. Puis, la pression s’accentuant, et bien que la situation de ses établissements se fût beaucoup améliorée depuis l’arrivée de M. Jeanmaire au rectorat d’Alger, il consentit à une sorte de liquidation de l’entre prise. Le décret du 18 mai 1887 fit rentrer les écoles ministérielles dans le « droit commun » et en fit remise aux communes ; il leur fit également concession des terrains acquis en 1881 et d’une contenance d’environ dix hectares.

Des trois communes mixtes auxquelles s’adressait cette libéralité, deux ont répondu aux espérances qu’on avait pu fonder sur elles : celles de Fort-National et du Djurdjura. La troisième, celle d’Azeffoun, entrée en possession de l’école ministérielle de Mira, n’a pas encore réussi à en créer d’autres sur son vaste territoire et pour sa population de 24,000 musulmans. Cette école de Mira, dont les constructions se sont écroulées, soit par suite de malfaçon, soit par l’effet d’un tremblement de terre, se survit dans des espèces de baraques ; et, quand on parle du peu de zèle des Kabyles pour l’instruction, il est bon de noter que, sur les ruines de leur école, en l’absence de toute obligation légale, cent élèves indigènes s’obstinent à recevoir des leçons de l’instituteur Laffarguette. Une autre commune mixte, dont on aurait pu attendre beaucoup, celle de Haut-Sebaou, s’est contentée jusqu’à présent, pour ses 38,460 indigènes, des deux petites écoles : celle de Çouama, installée dans une pauvre mosquée, tenue par un simple moniteur indigène, et, sur cinquante élèves inscrits, en offrant une trentaine présents ; celle d’Agoussim, établie d’abord à peu près dans les mêmes conditions, puis transférée à Tabouda.

Cependant l’initiative prise en 1881 n’a pas été sans résultat : les trois écoles aujourd’hui survivantes du premier projet, et qu’on appelle encore dans le pays écoles ministérielles, celles de Taourirt-Mimoun (tribu des Beni-Yenni), Tizi-Rached, dans la commune mixte de Fort-National, et Djemåa-Sahridj, dans la commune de pleine exercice (récemment formée) de Mékla, sont, au point