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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/421

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LES COURS D’ADULTES

Il ressort de ces données :

1° Que c’est en 1867 et 1869 — lors de l’impulsion si vive donnée par M. Duruy aux cours d’adultes que le nombre des auditeurs a été le plus élevé ;

2° Que c’est pendant l’hiver de l’année scolaire 1882-1883 — année qui suivit la promulgation de la loi sur l’obligation de l’enseignement — qu’il a été ouvert le plus grand nombre de cours d’adultes ;

3° Que c’est à partir de l’année scolaire 1884-1885 — nous indiquerons plus loin les causes de ce changement — que le nombre des cours d’adultes a subitement baissé, entraînant une diminution proportionnelle des auditeurs.

Il est donc bien vrai, ainsi que je le disais tout à l’heure, que les cours d’adultes sont en pleine décadence. Et puisque, depuis sept années, leur situation, bien loin de s’améliorer, n’a fait que s’aggraver, il m’a semblé qu’il était opportun de rechercher les causes de leur prospérité passée, comme aussi les causes de la situation fâcheuse que nous constatons actuellement ; après quoi il conviendra d’indiquer par quelles mesures pratiques il serait possible d’espérer leur relèvement.

Bien qu’on ait pu sans exagération faire remonter jusqu’à l’année 1709 l’idée première des cours d’adultes, ce n’est cependant qu’à partir de la loi du 28 juin 1833 que l’administration de l’instruction publique s’occupa sérieusement de les organiser. Il est même remarquable que la première circulaire ministérielle se rapportant à l’application de cette loi ait eu précisément pour but de signaler l’importance et l’urgence des salles d’asile et des cours d’adultes, c’est-à-dire des deux institutions qui doivent servir de cadre aux écoles primaires élémentaires.

En effet, M. Guizot, s’adressant aux préfets et aux recteurs, s’exprimait ainsi dans cette circulaire, en date du 4 juillet 1833 :

« … Ainsi que les salles d’asile sont nécessaires pour préparer aux écoles primaires les enfants à qui leur jeune âge ne permet pas encore de les suivre, de même il doit exister, au delà des écoles primaires, et pour les jeunes gens ou les hommes faits qui n’ont pu en profiter, des établissements spéciaux où la génération déjà laborieuse, déjà engagée dans la vie active, puisse venir recevoir l’instruction qui a manqué à son enfance : je veux parler des écoles d’adultes. J’ai la confiance que, dans quelques années, lorsque la loi qui nous occupe aura porté ses fruits, le nombre des hommes qui auront ainsi besoin de suppléer au défaut de toute instruction primaire diminuera sensiblement : mais on ne saurait se dissimuler qu’il est considérable aujourd’hui et que longtemps encore l’incurie des parents, l’ignorance profonde des classes pauvres, et l’apathie morale qui l’accompagne toujours, empêcheront que les enfants ne reçoivent tous, ou à peu