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REVUE PÉDAGOGIQUE

près tous, l’instruction que nous nous : empressons de leur offrir. Longtemps encore les écoles d’adultes seront donc nécessaires, dans les lieux surtout où l’industrie réunit un grand nombre d’ouvriers à qui l’habitude d’un travail fait en commun et l’émulation qu’elle excite font bientôt sentir l’importance des connaissances élémentaires qui leur manquent et la nécessité de les acquérir. »

M. Guizot avait bien raison de recommander les cours d’adultes à la sollicitude éclairée de MM. les préfets et de MM. les recteurs, car, à prendre pour exemple le département du Loiret qui représentait assez bien alors, comme encore aujourd’hui d’ailleurs, la moyenne intellectuelle des autres départements, on constate qu’en 1828, précisément à la veille de la loi de 1833, sur 2,422 conscrits du département, 1,344 seulement, c’est-à-dire un peu plus de la moitié, savaient lire et écrire (rapport du préfet au Conseil général du Loiret pour lui proposer la création d’une école normale d’instituteurs).

C’est donc dans le but de fournir les connaissances les plus élémentaires, qui leur faisaient défaut, aux hommes qui n’avaient pas pu profiter dans leur jeune âge des bienfaits de l’école primaire, mais uniquement dans ce but, qu’on ne l’oublie pas, que la loi de 1833 recommandait la création des cours d’adultes.

C’est dans les mêmes intentions, les circulaires ministérielles en feraient foi, que les lois du 15 mars 1850 et du 10 avril 1867 s’attachèrent par la suite à développer l’institution, en provoquant une plus juste rémunération des instituteurs chargés de ce travail supplémentaire et en sollicitant des Chambres un concours pécuniaire de plus en plus important.

Aussi les cours d’adultes, répondant d’une part à des besoins évidents et généraux et, d’autre part, assurés de l’appui matériel et moral des pouvoirs publics, s’organisèrent-ils partout sans grande difficulté et se virent-ils suivis par un nombre d’auditeurs chaque année plus nombreux.

Cet état prospère se continua jusqu’à l’année scolaire 1884-1885 où, tout d’un coup, cours et élèves diminuèrent des deux tiers environ, sans que, depuis, la situation se soit sensiblement modifiée et sans qu’il soit possible de prévoir qu’elle s’améliorera.

Sans doute, la cause déterminante d’un pareil effondrement se trouve dans les modifications profondes apportées à l’établissement et à la rémunération des cours d’adultes par le décret et l’arrêté du 22 juillet 1884, dont les dispositions essentielles, que chacun connaît, ont été reproduites par le décret organique du 18 janvier 1887.

Mais la vraie cause, la cause morale, qu’il faut toujours rechercher en pareille circonstance, est ailleurs. En effet, si le gouvernement de la République, dont une des plus constantes préoccupations — au grand mécontentement de ses adversaires, comme personne ne l’ignore — a été le développement et la diffusion de l’enseignement primaire, s’est résolu à prendre des mesures aussi graves ; si