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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/425

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LES COURS D’ADULTES

Art. 100. — Ne peuvent être admis à suivre les classes d’adultes que les enfants âgés d’au moins treize ans.

Art. 105. — Des décisions ministérielles détermineront les conditions d’organisation et de subvention des classes publiques d’adultes, ou d’apprentis[1].

Nous sommes bien forces de le reconnaître, ces indications si sages n’ont pas été suivies, et les cours d’adultes qui subsistent encore ne sont, comme par le passé et pour la très grande majorité, en dehors des villes, que des classes destinées aux illettrés. Il n’a pas été fait de tentative sérieuse d’organisation des cours de perfectionnement, du moins dans les communes rurales, c’est-à-dire là où ils rendraient les plus grands services.

Cela tient à ce que les instituteurs se sont trop défiés de leurs propres forces, ou à ce qu’ils n’ont pas eu une foi assez grande dans l’utilité et l’efficacité de la réforme. Il est évident que la tâche nouvelle à laquelle on les conviait devait être autrement délicate que par le passé et qu’ils devaient s’attendre, dans les commencements, à se heurter à plus d’une difficulté sérieuse ; il est évident aussi qu’ils devaient prévoir l’indifférence d’un grand nombre, sinon l’hostilité de quelques-uns. Mais il nous semble que, loin de les porter à s’abstenir, ces difficultés mêmes étaient bien faites pour les inciter à agir. Ils auraient dû se souvenir que plus les débuts d’une institution sont pénibles, plus elle est de nature à tenter le courage des hommes de cœur et de dévouement, et que le succès est toujours assuré aux efforts persévérants. N’ont-il pas l’exemple bien probant des professeurs d’agriculture ? Que d’obstacles ceux-ci n’ont-ils pas rencontrés au début de leur mission ? Avec une patience et une conviction vraiment admirables, ils sont demeurés résolus, parcourant les villages, prêchant la bonne parole, et ils ont vaincu. Les auditeurs sont venus chaque fois plus nombreux, plus attentifs, moins incrédules et, à la fin, tout à fait persuadés qu’il y avait profit à écouter et à suivre les conseils de ceux à qui, peu de temps auparavant, ils déniaient toute autorité, voire même toute capacité professionnelle.

Qu’il me soit permis, à ce propos, de rappeler deux souvenirs personnels, déjà fort lointains, mais qui prouveront précisément la possibilité de la réforme et montreront qu’en la voulant très complète je n’ai pas du moins méconnu le sage conseil du poète :

Le temps n’épargne pas ce qu’on a fait sans lui.

Le premier de ces souvenirs remonte à l’hiver de l’année scolaire 1876-1877, alors que j’étais inspecteur à Puget-Théniers, c’est-à-dire

  1. Ces décisions n’ont pas encore paru. C’est même en grande partie pour cette raison et avec le désir de provoquer l’expression des opinions que nous nous sommes décidé à écrire cet article.