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REVUE PÉDAGOGIQUE

En somme, et il n’est que juste de reconnaître une fois de plus la profondeur de vues du député philosophe, — c’est encore dans Condor. cet qu’il nous faut chercher le principe même de l’institution des cours d’adultes, du moins tels que je les comprends. Nous y trouverons, indiquée un siècle d’avance, l’orientation qui leur convient le mieux.

« … Nous avons observé enfin, dit-il, que l’instruction ne devait pas abandonner les individus au moment où ils sortent des écoles ; qu’elle devait embrasser tous les âges ; qu’il n’y en avait aucun où il ne fût utile et possible d’apprendre, et que cette seconde instruction est d’autant plus nécessaire, que celle de l’enfance a été resserrée dans des bornes plus étroites. C’est là même une des causes principales de l’ignorance où les classes pauvres de la société sont aujourd’hui plongées ; la possibilité de recevoir une première instruction leur manquait encore moins que celle d’en conserver les avantages.

» Nous n’avons pas voulu qu’un seul homme, dans l’empire, pût dire désormais : La loi m’assurait une entière égalité de droits, mais on me refuse les moyens de les connaître. Je ne dois dépendre que de la loi, mais mon ignorance me rend dépendant de tout ce qui m’entoure. On m’a bien appris dans mon enfance que j’avais besoin de savoir ; mais, forcé de travailler pour vivre, ces premières notions se sont bientôt effacées, et il ne m’en reste que la douleur de sentir, dans mon ignorance, non la volonté de la nature, mais l’injustice de la société.

»… Chaque dimanche, l’instituteur ouvrira une conférence publique, à laquelle assisteront les citoyens de tous les âges : nous avons vu dans cette institution un moyen de donner aux jeunes gens celles des connaissances nécessaires qui n’ont pu cependant faire partie de leur première éducation. On y développera les principes et les règles de la morale avec plus d’étendue, ainsi que cette partie des lois nationales dont l’ignorance empêcherait un citoyen de connaître ses droits et de les exercer.

»… Les instituteurs [des écoles secondaires] donneront [aussi] des conférences hebdomadaires, ouvertes à tous les citoyens.

»… Les conférences hebdomadaires proposées pour ces deux premiers degrés ne doivent pas être regardées comme un faible moyen d’instruction. Quarante ou cinquante leçons par année peuvent renfermer une grande étendue de connaissances, dont les plus importantes répétées chaque année, d’autres tous les deux ans, finiront par être entièrement comprises, retenues, par ne pouvoir plus être oubliées. En même temps une autre portion de cet enseignement se renouvellera continuellement, parce qu’elle aura pour objet soit des procédés nouveaux d’agriculture ou d’arts mécaniques, des observations, des remarques nouvelles, soit l’exposition des lois générales à mesure qu’elles seront promulguées, le développement des opérations du gouvernement lorsqu’elles seront d’un intérêt universel. Elle sou-