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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1892.djvu/429

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LES COURS D’ADULTES

tiendra la curiosité, augmentera l’intérêt de ces leçons, entretiendra l’esprit public et le goût de l’occupation.

» Qu’on ne craigne pas que la gravité de ces instructions en écarte le peuple. Pour l’homme occupé de travaux corporels, le repos seul est un plaisir, et une légère contention d’esprit, un véritable délassement : c’est pour lui ce qu’est le mouvement du corps pour le savant livré à des études sédentaires, un moyen de ne pas laisser engourdir celles de ses facultés que ses occupations habituelles n’exercent pas assez.

» L’homme des campagnes, l’artisan des villes, ne dédaignera point des connaissances dont il aura une fois connu les avantages par son expérience ou celle de ses voisins. Si la seule curiosité l’attire d’abord, bientôt l’intérêt le retiendra. La frivolité, le dégoût des choses sérieuses, le dédain pour ce qui n’est qu’utile, ne sont pas les vices des hommes pauvres ; et cette prétendue stupidité, née de l’asservissement et de l’humiliation, disparaîtra bientôt, lorsque des hommes libres trouveront auprès d’eux les moyens de briser la dernière et la plus honteuse de leurs chaînes.

En général, la portion pauvre de la société a moins des vices que des habitudes grossières et funestes à ceux qui les contractent. Une des premières causes de ces habitudes vient du besoin d’échapper à l’ennui dans les moments de repos, et de ne pouvoir y échapper que par des sensations et non par des idées. De là vient chez presque tous les peuples l’usage immodéré de boissons ou de drogues enivrantes, remplacé, chez d’autres, par le jeu ou par les habitudes énervantes d’une fausse volupté. À peine trouvera-t-on une seule nation sédentaire, chez laquelle il ne règne pas une coutume plus ou moins mauvaise, née de ce besoin de sensations répétées.

» Si, au contraire, une instruction suffisante permet au peuple d’opposer la curiosité à l’ennui, ces habitudes doivent naturellement disparaître, et avec elles l’abrutissement ou la grossièreté qui en sont la suite.

» Ainsi, l’instruction est encore, sous ce point de vue, la sauve garde la plus sûre des mœurs du peuple. »

EXTRAIT DU PROJET DE DÉCRET
« Titre II. Écoles primaires.

» Art. VII. Tous les dimanches, l’instituteur donnera une in struction publique, à laquelle les citoyens de tout âge, et surtout les jeunes gens qui n’ont pas encore prêté le serment civique, seront invités d’assister.

» Ces instructions auront pour objet :

» 1° De rappeler les connaissances acquises dans les écoles ;