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REVUE PÉDAGOGIQUE

et, sans nous accuser, comme certains, d’avoir multiplié les tire-laine et les escarpes, ils déplorent que nous n’en ayons pas diminué le nombre. Hélas ! ce mal nous afflige autant qu’eux. Mais, bonnes gens, ignorez-vous donc que les enfants quittent nos écoles dès la douzième année au plus tard ? Avez-vous jamais pu croire qu’il ait été possible d’extirper à tout jamais chez un méchant enfant de cet âge toutes les inclinations mauvaises ? que nous ayons pu armer pour toujours une nature médiocre ou même bonne contre les séductions du vice et les entraînements de la passion ? Oublie-vous qu’aujourd’hui on a mis à bon marché pour les adolescents les mauvaises lectures et la débauche même ? Et faut-il vous rappeler que le christianisme, dont nous reconnaissons la haute autorité morale, a pu, pendant de longs siècles, tenir entre ses mains les jeunes générations, sans empêcher l’histoire de l’humanité d’être une longue suite de folies et de crimes ?

Ne vous laissez donc ni troubler, ni décourager, messieurs, parce qu’aujourd’hui vous êtes en butte, non plus seulement aux attaques de vos adversaires, mais aussi aux critiques de penseurs que vous étiez accoutumés à regarder comme des amis. Considérez que ces critiques, qui viennent d’esprits généreux, mais impatients, leur sont surtout inspirées par le désir du mieux et peut-être aussi parce qu’ils ne savent pas assez le bien que vous faites. »

(Bulletin de la Dordogne.)

Nécrologie : Edmond Cottinet

Nous ne pouvons laisser partir cet homme de bien, qui vient de mourir (22 février), sans rappeler un de ses titres à la reconnaissance du public primaire. Ce n’est pas le fin lettré, le poète chaleureux et patriote, l’écrivain et le critique d’art, que nous avons à louer ici ; ce n’est pas l’auteur de Vercingétorix, dont Banville et Coppée ont parlé comme d’un des plus remarquables essais pour faire revivre nos plus lointaines origines nationales ; ce n’est même pas le fondateur de l’Association et le promoteur des sociétés coopératives, qui lui doivent en France une partie de leurs succès de la première heure.

Le témoignage de particulière gratitude que nous devons ici à M. Edmond Cottinet, c’est d’avoir été à Paris le premier organisateur des Colonies de vacances.

Francisque Sarcey a raconté avec sa bonhomie ordinaire[1] comment M. Cottinet lui révéla le mot et la chose :

« Un jour, il entra chez moi tout échauffé, et me parla de son idée

  1. Revue pédagogique, mars 1887, Les colonies de vacances.