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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1910.djvu/432

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REVUE PÉDAGOGIQUE

la Grèce étaient explorés avec ardeur par des savants français, nos sociétés provinciales régénérées s’attaquaient résolument au sol national, s’imposant la tâche d’étudier les monuments de notre histoire, de les protéger contre les injures des siècles ou des hommes, de pratiquer des fouilles partout où le relief du sol indiquait des ruines, de fonder des musées pour sauver du naufrage tous les débris que le temps, en s’enfuyant comme un fleuve impétueux, dépose sur ses bords dévastés.

Mais, si l’archéologie est ainsi une science moderne par son origine, son domaine se développe chaque jour, et s’offre toujours plus vaste à nos investigations. D’une part, de nouvelles générations entrent dans l’histoire à mesure que l’humanité poursuit sa marche vers l’insondable avenir ; d’autre part, le plus lointain passé, que notre curiosité cherche à atteindre, recule sans cesse comme un muet fantôme, en vain pourchassé par les sondages archéologiques. Mycènes, Suse et la Crète viennent, après l’Égypte et la Chaldée, de s’inscrire aux premiers chapitres des annales du monde occidental, étalant à nos regards étonnés les vestiges de civilisations naguère insoupçonnées ; et voilà qu’en France même, les cavernes préhistoriques nous livrent des gravures, des dessins, des sculptures dont l’art confond notre imagination, bouleverse nos idées sur la notion du progrès artistique, et que des squelettes étranges paraissent faire remonter l’existence de l’homme à des époques géologiques que, seules, des théories préconçues avaient la hardiesse de calculer. Les origines de l’humanité s’obstinent à demeurer aussi mystérieuses que son avenir, de sorte que nous, les chercheurs inlassables, nous nous trouvons comme suspendus, sans appui, dans un moment de la durée. Tel est en deux mots, messieurs, le cadre sans cesse agrandi du mouvement scientifique dont vos sociétés continuent d’être les agents essentiels.

Mais si l’ensemble de l’œuvre archéologique des sociétés savantes a été, depuis un siècle, incomparable, grandiose par ses résultats et en progrès continu, est-ce bien à des recherches et à des publications érudites que doit, désormais, se limiter leur fécond travail ? Le moment n’est-il pas venu pour elles, après ce grand et noble effort scientifique, après cette admirable poussée de l’érudition et de la critique, d’élargir encore leur