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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1910.djvu/433

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L’ARCHÉOLOGIE DANS L’ÉDUCATION NATIONALE

programme comme elles l’ont fait au siècle dernier, et de l’élargir, cette fois, dans le sens de la vulgarisation, j’irai jusqu’à dire de la vulgarisation populaire ? Le monde évolue sans cesse ; les temps nouveaux n’attendent-ils pas de vous, autre chose encore que des dissertations savantes, des musées soigneusement classés, des fouilles méthodiquement conduites ? L’état social contemporain, qui n’est déjà plus tout à fait le même que celui du temps où la plupart de vos sociétés furent fondées, n’a-t-il pas des besoins nouveaux de connaissances, que vous êtes à même de satisfaire ? En un mot, ne pourriez-vous faire participer, non seulement le grand public, mais les classes populaires elles-mêmes, à vos découvertes, et leur communiquer par là quelque chose du sentiment de respect que votre science vous inspire pour les vieux monuments, les ruines, les souvenirs d’autrefois, pour ces témoins matériels et artistiques des anciens âges, qui sont comme la parure et les joyaux de notre histoire ?

Je vous entends me dire : cette vulgarisation des connaissances archéologiques, comment la concevez-vous ? Comment comprenez-vous l’intervention des sociétés savantes dans cette œuvre de propagande populaire ?

Avant de vous répondre sur ce point, messieurs, faites-moi crédit de quelques instants, afin que j’essaye, au préalable, de vous démontrer que cette œuvre est utile, nécessaire, urgente et qu’elle répond à un besoin social.

Et en effet, messieurs, qui de vous n’a été frappé, maintes et maintes fois, de l’ignorance absolue des classes populaires, même des hommes instruits, en ce qui concerne le passé de leur village, de leur région, des vieux monuments à l’ombre desquels s’écoule leur monotone et routinière existence ? Quiconque parcourt les campagnes de notre beau pays est, tout de suite, dès qu’il veut s’enquérir de l’histoire locale, étonné de l’indifférence des populations sous ce rapport. Allez dans un bourg quelconque ; demandez au plus éclairé des habitants dans quel siècle a été bâtie l’église, il l’ignore ; ce qu’est cette vieille tour délabrée qui couronne la colline, ces fossés, ces restes de grands murs qu’on appelle le château, il l’ignore. Tout au plus, vous débitera-t-il quelque absurde légende sur les cages de fer, les oubliettes, les prisonniers rongés par les rats, les évasions fantastiques.