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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1910.djvu/443

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L’ARCHÉOLOGIE DANS L’ÉDUCATION NATIONALE

camps de César, ces tours de Ganelon, ces poteries, ces vieilles armes, ces inscriptions, ces hypocaustes si nombreux, ces tuiles légionnaires, cet oppidum, cette voie romaine, ce chemin du Roi ; ces racines de murs et ces ossuaires oubliés, où dorment parfois des héros, car ces plaines que cultivent nos paysans ont été — il faut le leur rappeler — arrosées du sang de leurs pères combattant pour défendre leurs foyers, leur indépendance, leur liberté.

« Ces plaines, dit Virgile, en des vers émouvants, sont engraissées du sang de nos légions… Un jour viendra où le laboureur soulevant la terre avec sa charrue, trouvera des javelines rongées par la rouille, heurtera avec ses herses pesantes des casques vides et admirera dans leurs tombeaux fouillés, les ossements géants de nos pères » :

Grandiaque effossis mirabitur ossa sepulcris.

En ravivant ainsi sur place tous les souvenirs locaux, non seulement vous ferez, messieurs, œuvre utile, mais je vais jusqu’à prétendre que vous remplirez une véritable mission sociale. Voilà pourquoi il ne me déplairait point, je l’avoue, d’entendre dire que dans les réunions amicales des instituteurs de nos cantons ruraux, on s’est, grâce à vous, entretenu d’histoire locale, de monuments d’art, d’archéologie, de tumulus, de fouilles entreprises ou à entreprendre ; qu’on y a organisé des conférences, et cela à l’aide des guides illustrés que vous auriez rédigés ; ou même d’apprendre que ces conférences et ces promenades du jeudi ou du dimanche se sont faites sous votre direction personnelle et qu’aux instituteurs se sont joints un certain nombre de leurs élèves, de leurs parents, des ouvriers, des paysans désireux d’ouvrir leur esprit à la vie intellectuelle.

Car, ne vous y trompez pas, messieurs : tout ce monde est avide de s’instruire et il importe de ne pas laisser leur esprit s’égarer dans une fausse direction. Chaque fois que vous avez été amené par les circonstances à vous renseigner archéologiquement auprès de ces villageois avisés et intelligents qui parcourent et observent la campagne, garde-champêtre, arpenteur, garde-forestier, agent-voyer, n’est-il pas vrai que vous avez eu à vous louer des indications qu’ils vous ont fournies ? N’en avez-vous pas observé la justesse et la précision ; n’avez--