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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1923.djvu/116

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REVUE PÉDAGOGIQUE

À elle seule pourtant, cette conception, même claire et complète, serait loin, quoique nécessaire, d’être suffisante. Il y faut aussi et surtout la volonté de la réaliser, le souci actif de développer en soi les qualités indispensables à un éducateur, de faire chaque jour ce que l’on est termes d’accomplir, non superficiellement, mais à fond, ou, en d’autres termes, de faire ce que on fait, le souci de l’être et non simplement du paraître.

Cette disposition est, pour une part, le produit de la formation de l’instituteur ; mais il va de soi qu’elle sera, à beaucoup près, plus forte chez celui qui, ayant le goût de l’enseignement, avait choisi cette carrière avant tout parce qu’il se sentait attiré vers elle et qu’il aimait les enfants.

Plus encore que la notion exacte de la tâche à faire, c’est cette disposition Qui garantit la conscience professionnelle. N’arrive-t-il pas de trouver des maîtres doués, capables, qui s’annonçaient tels dès l’École Normale, ou dès leurs débuts, et qui pourtant n’obtiennent pas des résultats en proportion, parce qu’à leur capacité ils ne joignent pas une application suffisante ou soutenue ? On est déçu quand on les voit à l’œuvre, sur le vif, dans leur classe, où leur réel savoir-faire ne réussit pas à donner le change sur le niveau des élèves. Et, par contre, il en est d’autres, moins bien doués ou préparés, mais assurément plus méritants à la fois et plus utiles, dont l’attachement à la fonction et la continuité de l’effort sont autrement tangibles.

Le fléchissement de la conscience professionnelle peut avoir des causes diverses. Pour ne retenir que les principales, il peut provenir, d’abord, d’une soumission, qui n’est que trop facile, à une loi dont le domaine, au dire des philosophes, s’étend à toute la nature, et non seulement à l’humanité, la loi du moindre effort. C’est elle, si nous n’y avisons, qui nous fait nous contenter de la culture et du savoir déjà acquis, de la lecture de publications périodiques et de romans lus par manière de délassement au lieu de celle de livres sérieux, de fond, qui renouvellent le savoir général et professionnel. À cet égard, tout n’est paf, il s’en faut, à souhait. Je me contente d’ajouter à ce sujet qu’on ne peut s’étonner qu’un maître qui ne s’applique point à rester, avant tout, jeune lui-même, jeune d’esprit et de cœur, perde vite le souci d’entretenir la vie dans son enseignement, d’ouvrir