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Page:Revue pédagogique, premier semestre, 1923.djvu/118

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REVUE PÉDAGOGIQUE

à la grande ville, deux fois par semaine, et d’y passer aussi la soirée du dimanche et du jeudi ; le lendemain, on manque le premier train ou le premier tramway, on a une panne de bicyclette, et l’on arrive en retard ou, en mettant tout au mieux, je veux dire au moins mal, on arrive juste à l’heure. Et la page charmante me revient en l’esprit, où Vessiot décrit l’entrée en classe telle qu’il la concevait, et telle aussi, heureusement, qu’elle est encore assez souvent pratiquée : « L’heure approche, la porte est ouverte, le seuil est luisant de propreté… Le maître est là sur le seuil, il regarde les enfants venir… Au passage il envoie à chacun un mot… L’enfant a senti que le maître s’intéresse à lui, aux siens, qu’il a du plaisir à le revoir, qu’il lui veut du bien, qu’il l’aime. La classe a commencé avant l’entrée en classe, et cette première leçon, ce bon accueil du maître, ces paroles de bon augure et de bon conseil, ne sont pas la moins profitable des leçons. »

Et c’est avec tristesse aussi que l’on pense à la pauvreté de l’influence exercée par ces maîtres et ces maîtresses qui ne résident pas, en fait, parmi leurs élèves et les parents de leurs élèves, à celle qu’ils pourraient exercer, au bien qu’ils pourraient et devraient faire.

Ou encore après un congé de quelques jours, comme celui du jour de l’An, ou de la Pentecôte, il peut même arriver que l’on se trouve dans la nécessité absolue — c’est ce que l’on nous écrit, quand on nous tient au courant — de retarder d’un jour la rentrée : c’est une correspondance manquée, une circonstance imprévue. et impérieuse ; le report des classes au jeudi n’assure-t-il pas d’ailleurs la sécurité de la conscience ?

Et d’autres occasions ne sont-elles pas assez nombreuses, où des obligations de famille sont prétextes à des absences et à des interversions que l’on eût pu éviter ? Ne serait-il pas possible, dans la plupart de ces cas, de mettre ou de faire mettre à profit le jeudi ou tout autre jour de congé réglementaire ?

Pour tout redire en peu de mots quand il y a opposition — et ces occasions sont assez fréquentes — entre l’intérêt personnel et celui du service, il suffirait le plus souvent, pour donner le pas à ce dernier, d’une attention et d’une réflexion toujours en éveil, et d’une intervention de la volonté.