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REVUE PÉDAGOGIQUE.

L’instruction sera gratuite. Fort bien. Le père de famille n’aura plus à payer huit, dix ou douze francs par an. Cela ne changera pas beaucoup la situation de ceux qu’on appelle les pauvres : car il est peu d’enfants de cette catégorie qui ne soient exemptés de la rétribution scolaire.

Remarquons, en outre, que cette gratuité ne semble devoir être en réalité, quant à présent, qu’une demi-gratuité. Pour que l’école soit absolument gratuite, en effet, il faut que l’élève y trouve, sans frais pour sa famille, non-seulement l’enseignement, mais aussi les objets et instruments nécessaires pour ses études.

Ce que l’on obtient le plus difficilement des familles — qui ne le sait dans le monde des instituteurs et des institutrices ? — c’est moins le prix de la rétribution mensuelle que celui des livres et autres objets classiques. Le livre fait surtout défaut.

Quand, à la fin de l’année, on compte ce qu’il a fallu débourser pour un écolier de sept à dix ans, on s’aperçoit que le montant de la rétribution n’atteint pas la moitié des frais. Ces frais, est-1l besoin de le dire, augmentent chaque année. La suppression de la rétribution scolaire imposerait donc à l’État de très-grands sacrifices.

L’instruction, rendue légalement obligatoire, comporte des dépenses bien autrement considérables. Je l’ai déjà dit, on ne comprend guère l’obligation sans la gratuité ; et, dans ce cas, la gratuité doit être entière, absolue : elle doit s’étendre à tout, jusqu’au prix d’une feuille de papier.

Quoi qu’il arrive, on le devine, je pense, il nous restera toujours beaucoup à faire pour seconder comme nous le devons l’action de l’État. N’attendons pas et voyons tout de suite ce que nous pouvons par nous-mêmes.

La gratuité est chose excellente. Ne pourrions-nous, par