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REVUE PÉDAGOGIQUE.

obligatoire, il faudra bien que les vacances coïncident avec les grands travaux de la contrée, et qu’en ces temps de rareté de main-d’œuvre, les enfants de 12 à 14 ans viennent en aide à leurs familles pendant la fauchaison, la moisson et les vendanges. Vous voyez par là que le champ d’expériences ne servirait à rien, que l’instituteur n’aurait personne à instruire sur son petit domaine et personne non plus à conduire dans les fermes du voisinage au moment des travaux les plus importants et les plus intéressants.

Ajoutons à ces obstacles très-gros déjà un obstacle plus gros encore. L’instituteur n’a pas l’autorité nécessaire pour enseigner l’agriculture. Il n’est pas du métier, il n’est pas riche, il n’a pas qualité pour faire la leçon aux cultivateurs sur les choses de la terre. S’il a de l’influence, il la doit à des connaissances d’un autre ordre, connaissances qu’on ne lui conteste pas, et qui le mettent au-dessus des gens de sa localité. En matière de lecture, d’écriture, de calcul, de géométrie, d’histoire, de géographie, il est un maître ; mais s’il s’avisait de parler de grande culture à ses écoliers, il ne serait plus un maître ; il perdrait son influence acquise. Les parents se moqueraient de lui certainement, parce qu’ils s’estimeraient plus capables et plus compétents, et ces moqueries lui ôteraient chez les enfants une partie de la considération qui fait sa force.

Laissons donc de côté les champs d’expériences et les visites dans les exploitations rurales. C’est par d’autres voies que l’instituteur pourra nous rendre des services. Qu’il ait un jardin bien tenu, qu’il fasse à temps perdu des collections d’insectes nuisibles et utiles, personne ne le jalousera ; qu’il choisisse ses exemples et les sujets de ses dictées dans les questions d’économie rurale, personne ne s’en plaindra.