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LE JARDIN DE L’INSTITUTEUR.

Tout en faisant du jardinage, et sans qu’il y paraisse, l’instituteur enseignera la grande culture. Il l’enseignerait au besoin sur sa fenêtre, rien qu’avec un pot de fleurs. Travailler sur une surface de la largeur de la main, c’est pratiquer en petit la même besogne que sur des centaines d’hectares. Il faut que le pot soit drainé, et il l’est au moyen d’un trou. Il faut que le fonctionnement du trou soit bien assuré ; on l’assure en le recouvrant de tessons ou morceaux de pots cassés. On y met ensuite la terre qui recevra la plante ou la graine, et l’on a bien soin de l’émietter, de la diviser le plus possible, comme fait le cultivateur avec sa charrue et sa herse avant d’ensemencer ses champs. À la terre du pot on ajoute de l’engrais par poignées, comme on en ajoute par charretées à la terre des champs. Avons-nous semé de la graine, nous l’enterrons avec les dents d’une fourchette en fer recourbée qui nous sert de herse ; puis nous tassons la terre remuée en appuyant la main en guise de rouleau, La terre du po. se dessèche-t-elle au soleil et à l’air, nous l’arrosons, Pousse-t-il dans le pot des herbes inutiles et gourmandes, nous les enlevons comme on les enlève des champs par le sarclage. La terre des pots se durcit-elle à la surface, nous la remuons avec un morceau de bois ou une lame de couteau, comme on la remue au jardin avec le sarcloir ou aux champs avec la houe à cheval.

Vous voyez bien que les opérations essentielles de la grande culture tiennent dans un pot de fleurs et à plus forte raison dans un jardin de quelques ares.

Dans un jardin de quelques ares, nous labourons le sol avec une bêche ou une houe au lieu de le labourer avec une charrue ; nous y mettons les mêmes engrais que dans les champs : nous y enterrons les graines avec un râteau