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LE JARDIN DE L’INSTITUTEUR.

son, l’emplissaient d’eau, y trempaient le balai de bouleau et le secouaient sur leurs planches à légumes. Les mêmes se construisaient des râteaux de bois pour niveler, dresser le terrain et recouvrir les graines. Quelques poignées de paille leur tenaient lieu de paillassons pour abriter les jeunes plantes pendant les nuits froides. Et c’étaient encore ceux-là qui, à défaut de sarcloir et de râtissoire, sarclaient et éclaircissaient les semis avec un morceau de fer pointu et une fourchette de fer recourbée. C’est chez eux que nous avons vu pour la première fois des cloches en osier qui protégeaient leurs haricots contre les gelées blanches, et les plantes repiquées contre l’ardeur du soleil. Quand ils voulaient imiter les jardiniers de profession qui font des couches avec du fumier de cheval, des coffres et des châssis vitrés, ils ouvraient une fosse, y entassaient de la tannée et recouvraient la nuit avec une porte.

Nous citons ces faits uniquement pour montrer que les hommes qui ont des idées dans la tête et l’envie de bien faire, ne sont pas difficiles sur les moyens d’exécution et ne se noient point dans une rivière pendant que d’autres se noieraient dans un ruisseau.

Nous n’avons pas à entrer ici dans la description des outils de jardinage qu’il faut aux instituteurs. Ce serait dépenser du temps et du papier en pure perte, deux choses dont nous sommes le plus possible économe. En décrivant des objets connus de tout le monde, nous n’apprendrions absolument rien aux instituteurs, et nous aurions l’air d’écrire pour la postérité. Le seul instrument que l’instituteur serait excusable de ne point connaître. c’est la râtissoire à pousser. Il est donc le seul dont nous devions l’entretenir.