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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/155

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L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN ALGÉRIE.

se résigner à végéter misérablement dans son pays natal, renonce à ses habitudes et au milieu dans lequel il a toujours vécu, pour aller chercher au loin des moyens d’existence et un bien-être qui lui manque, prouve, par cela même, qu’il est doué d’un degré d’initiative et d’énergie supérieur au degré ordinaire. On peut donc affirmer, sans crainte de se tromper, que les individus européens qui se sont fixés en Algérie appartiennent à une élite, au moins sous le rapport de l’intelligence et du courage. Cette élite se trouve placée dans les conditions les plus propres à favoriser le développement de ses aptitudes et de ses qualités natives : le contact entre nationalités d’origines différentes, le mélange des races, qui en est la conséquence, la nécessité de s’ingénier, de compter beaucoup sur soi dans un pays d’une étendue fort grande par rapport à sa population et dont les habitants indigènes, souvent hostiles, sont en retard de quatre mille ans sur l’état actuel de la civilisation, ce sont là, évidemment, autant de causes de progrès. Il en est une autre, dont il faut tenir compte, et qui appartient spécialement à l’ordre des faits physiologiques. Le climat, les influences de milieu qui semblent avoir eu pour résultat de rendre les indigènes indolents et apathiques, agissent d’une façon tout opposée sur les organismes européens. L’activité cérébrale devient plus grande, l’intelligence plus lucide, plus apte à agencer des idées. C’est là un fait d’observation constante sur les nouveaux immigrants, à quelque couche sociale qu’ils appartiennent. Au bout d’un certain temps de séjour, on dirait qu’ils ont subi comme une opération d’affinage. Rien donc d’étonnant à ce que ces colons intelligents et avisés aient une vue assez nette de leurs véritables intérêts pour comprendre que l’instruction est un des agents les plus indispensables de