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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/574

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qu’on suppléera à l’école primaire à l’insuffisance de temps et au manque d’études spéciales pour acquérir une foule de notions scientifiques désormais indispensables, aussi bien à l’homme des champs qu’à l’ouvrier des villes.

Et une fois sortis de l’école, si on a appris aux enfants à lire avec fruit, avec intelligence, si on leur a appris à tirer profit de leurs leçons et si, par-dessus tout, on est parvenu à leur faire aimer les livres, la lecture, on peut être certain que, adultes et hommes faits, ils liront dans leurs moments de loisir et continueront à s’instruire.

Lire avec intelligence, comprendre le sens et la valeur des mots, faire sentir l’esprit caché sous la lettre, la vérité sous la forme, réveiller, faire naître de bons sentiments à propos de belles paroles, travailler au développement de la conscience morale, du patriotisme, tout en parlant au cœur, à l’imagination, saisir la pensée de l’auteur, comprendre les réflexions, les maximes les faits (et un maître habile sait faire valoir tout cela), il faut bien qu’on le sache, c’est là, avec le goût de la lecture, le plus net, le plus pur des résultats des leçons de l’école primaire.

Autrefois, on n’avait pour tout livre de lecture que le Nouveau Testament, gros volume à deux colonnes, que je vois encore, et le psautier de David, en latin, bien entendu. On ne sortait pas de là.

Aujourd’hui, les livres de lecture pour les trois cours d’une école forment toute une encyclopédie résumant tout ce qu’on peut savoir. Que de matériaux pour de bonnes et fructueuses leçons !

Il y a longtemps qu’un maître parmi tous les maîtres dans l’art si difficile d’élever, d’instruire les enfants et d’en faire des hommes, l’illustre Rollin[1], avait indiqué dans son immortel

  1. Rollin, célèbre instituteur français, né à Paris en 1661, mort en 1741. était fils d’un coutelier. Il perdit son père de bonne heure et fut élevé gratuitement dans un collège de l’État. Il devint recteur ou chef suprême de l’Université. Son Traité des études n’a pu être surpassé. Il est resté le meilleur guide des instituteurs et de tous ceux qui s’occupent de l’instruction et de l’éducation des enfants. Le Traité des études de Rollin est un chef-d’œuvre inimitable. Tous les instituteurs devraient l’avoir et le connaître. Il résume toute la pédagogie. — E. C.