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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/575

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Traité des études quel profit les maîtres devraient tirer d’une leçon de lecture.

Les maîtres trouveront toujours beaucoup de livres qui les mettront en état de bien instruire leurs disciples. L’important est d’en savoir tirer le meilleur parti possible. Qu’il s’agisse de lecture ou de toute autre matière, le maître, à l’école, doit avoir un double but donner des connaissances à l’enfant et travailler à son développement moral et intellectuel.

« … Dans la lecture que l’on fera des livres français, on ne se contentera pas d’examiner les règles du langage, que l’on ne perdra jamais de vue. On aura soin de remarquer la propriété, la justesse, la force, la délicatesse des expressions et des tours. On sera encore plus attentif à la solidité et à la vérité des pensées et des choses. On fera observer la suite et l’économie des différentes preuves et des parties du discours. Mais l’on préférera à tout le reste ce qui est capable de former le cœur, ce qui peut inspirer des sentiments de générosité, de désintéressement, de mépris pour les richesses, d’amour pour le bien public, d’aversion pour l’injustice et la mauvaise foi, en un mot tout ce qui fait le parfait honnête homme[1]. »

Rollin avait en vue sans doute, dans les conseils et les directions qu’il donne avec tant de justesse et d’à-propos, les jeunes gens qui font des études classiques complètes et qui ont été longtemps aux prises avec la beauté des langues grecque et latine ; mais il n’est pas moins utile de nous approprier ces précieuses réflexions et d’en faire notre profit en ce qui concerne les modestes études de l’école primaire.

« Pour le style, il faut s’en tenir à la règle de Quintilien qui est de faire lire aux jeunes gens et d’abord et toujours les meilleurs écrivains. Quand ils commenceront à avoir le jugement formé, il sera bon de leur en proposer où l’on trouve des défauts capables de séduire les jeunes gens, comme sont certaines pensées brillantes qui frappent d’abord par leur éclat, mais dont on reconnaît le faux et le vide quand on les examine de près. Il faut les accoutumer de bonne heure à aimer partout le vrai, à sentir ce qui y est contraire, à ne se point laisser

  1. Traité des études t. I, p. 265.