Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/576

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éblouir par apparence du beau, à juger sainement ce qu’ils lisent, à rendre la raison du jugement qu’ils en portent[1]. »

Ce sont les comptes rendus oraux et écrits dont nous parlerons et que nous recommandons aux instituteurs.

Quant au choix des livres, écoutons ce que dit le grand maître :

« Notre langue nous fournit un grand nombre d’excellents ouvrages propres à former le goût de nos élèves ; mais le peu de temps qu’on peut donner à cette étude et le peu de dépense que peuvent faire la plupart des écoliers, obligent de se fixer à un petit nombre.

Il faut, s’il se peut, que l’utilité et l’agrément s’y trouvent ensemble, afin que la lecture ait pour les enfants un attrait qui la leur fasse désirer. Ainsi les livres qui sont purement de piété doivent leur être plus rarement proposés que d’autres, de peur que le dégoût qu’ils en auront une fois conçu ne les suive dans un âge plus avancé. L’histoire est bien plus à leur portée surtout dans les commencements[2]. »

Voilà un passage que nous recommandons à une catégorie d’écoles primaires, les écoles congréganistes. Dans une pensée louable d’une solide instruction religieuse à inculquer à leurs élèves, les instituteurs et institutrices de cette catégorie ne vont-ils pas contre leur but en ne mettant entre les mains de leurs élèves que des livres exclusivement religieux, de dogmes et d’instruction religieuse ?

Une fois que les enfants savent lire, dans la plupart des écoles congréganistes, on leur met entre les mains un livre de prières qui renferme la messe en français ; plus tard ils ont l’Évangile avec l’histoire sainte et le catéchisme, et ensuite le devoir du chrétien avec le Nouveau Testament.

Cette uniformité ne produit-elle pas ensuite une réaction fâcheuse dans l’esprit des enfants ? On les a saturés d’enseignement dogmatique, de prières, de pratiques religieuses ; il arrive alors que plus tard ils ne veulent plus entendre parler ni de la religion ni de ses cérémonies. Là est le danger,

  1. Traité des études, p. 267.
  2. Ibid., p. 268.