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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/577

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comme le prévoyait si justement Rollin, il y a deux cents ans.

Rollin, dans son exemple sur la manière dont on peut expliquer les auteurs français, rapporte un fait tiré de l’Histoire de Théodose[1]. Dans cet extrait il est question de l’élection de saint Ambroise à l’archevêché de Milan et de la part qu’y eut l’empereur Valentinien.

On sait que saint Ambroise, fils du préfet des Gaules sous les Romains, gouvernait lui-même la Ligurie quand le peuple de Milan, charmé de ses vertus, l’élut évêque d’une voix unanime, quoiqu’il ne fût pas chrétien, puisqu’il n’était pas encore baptisé. Il fut, par ordre de l’empereur Valentinien, baptisé, ordonné prêtre et sacré évêque, le tout en quelques jours. Saint Ambroise voulut refuser ; il fut forcé d’accepter et il s’appliqua tout entier à l’étude des saintes Écritures, au rétablissement de la discipline ecclésiastique dans son diocèse.

Nous croyons inutile de reproduire mot à mot l’extrait historique que l’on connaît. Ce que nous voulons, c’est faire assister nos lecteurs aux réflexions aussi judicieuses que pratiques de notre illustre maître en pédagogie. Voici comment il s’exprime :

« On fera lire cette histoire tout de suite par un ou deux écoliers, les autres ayant leurs livres devant les yeux, afin de leur donner une idée du fait dont il s’agit. On aura soin qu’ils observent dans cette lecture les règles dont il a été parlé ; qu’ils s’arrêtent plus ou moins selon la différente ponctuation ; qu’ils prononcent comme il faut chaque mot et chaque syllabe ; qu’ils prennent un ton naturel et qu’ils le varient, mais sans affectation. »

Voilà pour la lecture proprement dite. Aucune observation ne manque : l’articulation nette des syllabes et des mots, la ponctuation, le ton naturel de la conversation, tout y est.

« Après cette première lecture, le maître fera brièvement quelques remarques sur l’orthographe de certains mots : empescher, vescu, throsne, etc… puis il passera à l’explication des

  1. Histoire de Théodose, par M. Fléchier, livre Ier, chap. xxxv, (Note extraite du Traité des études, p. 271.)