Aller au contenu

Page:Revue pédagogique, second semestre, 1879.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

C’est en parlant et en faisant parler les enfants que leur intelligence s’éveille, que leur âme s’ouvre aux idées justes et droites, aux pensées généreuses, aux sentiments qui font plus tard l’honnête homme et le bon citoyen.

Dans les petites classes on se bornera à l’explication des mots et des phrases, et on fera rendre compte seulement des explications données. Mais dès que les enfants pourront écrire, dès qu’ils pourront lire leur écriture, il faudra leur faire raconter par écrit l’historiette lue du livre et qui leur aura été expliquée. Ils feront des fautes d’orthographe, beaucoup de fautes, tant pis ! Peu à peu ils en feront moins. Mais ils commenceront à construire des phrases, à lier des idées, à exprimer leur pensée. C’est le moyen de les amener à composer, à écrire, à tirer ensuite quelque chose de leur propre fonds, d’eux-mêmes. On sait que c’est là le côté faible de nos écoliers. Ils font des pages entières de dictée sans faute peut-être. C’est bien ; mais il ne faut pas tout sacrifier à l’orthographe. Quand ils sont sortis de l’école, ils ne savent pas par quel bout commencer la lettre la plus insignifiante, parce qu’ils n’ont jamais écrit qu’en copiant ou sous la dictée.

Dans la première division, on a lu, par exemple, un trait historique ou bien l’explication d’un phénomène physique. Le maître a procédé aux interrogations, il s’est assuré que le fait d’histoire est su, que la démonstration physique élémentaire a été comprise : qu’y a-t-il à faire ? — Les élèves doivent rapporter par écrit ce qu’ils auront retenu et compris de la leçon, et cela sans autre secours que celui de faire appel à leur réflexion et à leur mémoire.

N’y a-t-il pas là matière à tout un enseignement ?

En faisant tous les jours dans la classe un exercice de cette sorte, il est aisé de comprendre jusqu’où irait le progrès au bout de plusieurs années, et quelle gymnastique intellectuelle il serait pour les facultés des enfants. Quand on exerce le corps, les membres, le corps, les membres se fortifient. Il en est de même de l’intelligence. Faites appel à la réflexion, au jugement : la réflexion deviendra plus sûre, plus nette ; le jugement plus étendu, plus droit. Et, comme nous l’avons dit, quelle somme de connaissances ils acquerraient ! combien ils appren-