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Page:Revue pédagogique, second semestre, 1880.djvu/634

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REVUE PÉDAGOGIQUE.

attachés à la position des adjoints, trois catégories de candidats : 1° les anciens élèves-maîtres ; 2° les brevetés libres ; 3° les non-brevetés.

Je sais bien que les écoles normales sont des établissements entretenus en partie aux frais des départements, et que les élèves que ces écoles ont mission de préparer, doivent tout d’abord être pourvus d’un emploi ; mais s’ensuit-il que tous les élèves-maîtres, indistinctement, doivent former une catégorie spéciale de candidats auxquels seront toujours réservés les meilleurs postes d’adjoints ?

Je ne le pense pas.

Il faudrait, je crois, tenir compte des capacités acquises, des services rendus. Je vais traduire ma pensée par un exemple que je prends dans la réalité des choses possibles.

Deux jeunes gens se destinent à l’enseignement primaire ; ils sont préparés à l’examen d’admission par l’instituteur de leur village, qui les fait admettre tous les deux au concours, L’un est reçu dans les quatre ou cinq premiers et obtient l’avantage d’une bourse ou d’une demi-bourse ; l’autre, aussi capable, mais qui, à l’examen, a été moins heureux, n’arrive que dans les derniers rangs et ne pourra entrer qu’à titre de pensionnaire, et obligé par conséquent de payer pension entière.

Mais ce dernier appartient à une pauvre famille d’ouvriers ; le père va à la journée et gagne trente-cinq sous par jour ; il n’a aucune avance ; toute sa fortune consiste dans une petite maison et peut-être un carré de jardin ; une année de pension à l’école absorberait les trois quarts du patrimoine de la famille, L’admission du jeune homme est-elle possible dans ce cas ?