des exercices de mémoire que nous leur imposons ; mais nous ne les gardons que jusqu’à douze ans, treize ans au plus, et à cet âge ils doivent déjà donner des preuves de leur savoir dans les examens du certificat d’études primaires et dans les concours pour les bourses des écoles municipales supérieures. N’est-il pas évident qu’ils n’auront pas un vocabulaire suffisant pour exprimer les connaissances acquises, si les mots, après avoir passé par leur intelligence, ne sont venus se fixer dans leur mémoire ?
De ce que, pendant trop longtemps, on a fait un déplorable abus des exercices de récitation dans l’enseignement primaire, aujourd’hui on en condamnerait volontiers l’usage. Ce serait un excès contraire dans lequel nous devons bien nous garder de tomber, car nous n’aboutirions qu’à des déceptions.
Ce qu’il faut combattre, ce n’est pas l’usage, mais l’abus du livre d’études ; ce qu’il faut surtout condamner, ce sont ces longues leçons apprises littéralement et sans explication préalable. Le livre scolaire est fait pour être étudié, compris, mais non pour servir d’instrument de torture à l’esprit de l’enfant. Il faut que celui-ci y retrouve chez lui les notions qu’il a déjà apprises à l’école, mais qui n’ont pas encore pénétré profondément dans sa mémoire.
Cependant beaucoup d’enfants ont l’intelligence paresseuse ; ils aiment mieux apprendre le mot à mot que de se donner la peine de réfléchir. Il faut les habituer à rapporter fidèlement le sens du passage étudié. Ils ne parleront pas toujours correctement sans doute, ils feront même quelquefois de grosses erreurs de jugement ; mais nous trouverons là, en même temps que l’occasion de leur donner une leçon de langage, une indication de ce que nos explications de la veille auront pu laisser d’obscur dans leur